Faire une sortie avec un enfant autiste, c’est un peu comme marcher dans un champ de mines. On sait, qu’inévitablement, une bombe va nous exploser en plein visage à un moment ou à un autre, et ce, même si on fait tout notre possible pour les éviter. Pour nous, pour lui. Avec le temps, on réussit à mieux les gérer et notre anxiété parentale reste un peu plus stable. On sait que la crise a une raison. Ce n’est pas un caprice, c’est un besoin exprimé de manière brutale. On sait aussi que la crise aura une fin et que nous pourrons continuer à vaquer à nos occupations. Nous aurons un peu le cœur à l’envers, la patience émoussée et la sueur au front, mais nous allons continuer. Lorsque ces élans d’incompréhension de notre enfant arrivent en public, c’est certain que les regards se retournent sur notre passage. J’ai alors observé quatre types de regards que les étrangers peuvent poser sur nous et/ou sur notre enfant lors de crises.
Il y a le regard « grand-mère ». Ce regard vient d’une personne qui nous supplie de donner à notre enfant ce qu’il veut ou ce qu’il demande pour qu’il arrête de pleurer. Celle-ci est incapable d’entendre et de voir un enfant avoir de la peine et se dépêche de régler la situation pour que la détresse infantile cesse le plus rapidement possible. Chez nous, c’est souvent le cas des grands-parents qui feraient les courbettes et les compromis les plus ridicules pour consoler le chagrin de leur descendance.
Il y a le regard hautain. Celui posé par un être humain qui ne se souvient plus qu’un enfant peut crier et pleurer. Lui, il est sûr que ses enfants n’ont jamais fait ça, qu’on est sûrement des parents incompétents et que notre enfant est assurément exécrable. Ces gens poussent des soupirs, lèvent les yeux au ciel et s’assurent qu’on les comprenne bien lorsqu’ils disent à leur voisin qu’il n’y a pas moyen d’être tranquille nulle part.
Il y a maintenant les regards de pitié. Oui, il y a de la compassion dans ces regards, mais il y a aussi une grosse touche de ouf-que-je-suis-chanceux-que-ce-soit-pas-le-mien! de elle-a-sûrement-fait-quelque-chose-de-pas-correct et/ou de hiii!-que-sa-vie-doit-être-pénible. Même si la personne ne nous dit pas ses pensées, nous sommes capables de les entendre car son regard nous les crie par la tête.
Finalement, il y a les regards d’entraide : les plus beaux, les plus doux mais aussi les plus rares. Ce regard n’a pas besoin d’être soutenu. Il est souvent furtif accompagné d’un sourire discret et il nous communique rapidement que la personne est là pour nous. Elle nous regarde pour nous dire qu’elle nous comprend et qu’elle peut nous aider si cela est nécessaire. Ce genre de regard nous communique toute de suite la bonté, la sincérité et la compréhension.
Et vous chers parents d’enfants différents ou non, connaissez-vous d’autres types de regard, parce qu’un jour ou l’autre nous y avons tous eu droit? Et vous? Quel type de regard avez-vous lorsque vous êtes témoin d’une crise d’enfant?