Quand maman poule a la rage

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Je me suis souvent fait comparer à une mère poule, une mère lionne, une mère louve, et je me suis souvent reconnue moi-même dans ces analogies. En fait, je ne suis ni toute l’une ni toute l’autre, je suis souvent l’une ou l’autre en alternance, et même parfois en simultané! Je couve, je fais passer les besoins de mes enfants avant les miens, je protège, je surprotège, je gère, je mords…

En fait, je viens de réaliser que toutes ces métaphores entre le monde animal et mes attitudes parentales (voir mon instinct maternel) expliquent la colère qui m’habite souvent, parce que, voilà que mon nouveau auto-diagnostic est tombé : j’ai la rage. Parfois au sens figuré, parfois au sens propre.

Même si de l’extérieur il n’en parait parfois rien, très (trop) souvent en moi, je me sens comme un chien qui a la rage, je sors les crocs et je grogne, de la bave au coin des lèvres avec une envie de mordre insatiable!

Actuellement, je rage parce que c’est l’été, et que l’été c’est supposé être fait pour jouer, pour s’amuser, pour déroger de la routine, mais ici, avec Koko et Lolo, l’été ça rime avec casse-tête pour maman poule qui veut faire vivre des expériences nouvelles à ses poussins mais qui pour le faire doit réaliser mille et une courbettes afin que les moments de sourires surpassent les crises (de colère et/ou de larmes).

Je rage parce que nous venons d’avoir un 2e avis sur le diagnostic de Koko, qui « bonifie » le précédent diagnostic de TDAH en concluant à un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité et impulsivité de niveau modéré, associé à des comportements oppositionnels, agressifs, à des humeurs changeantes et des symptômes anxieux.  En prime, un profil de difficulté d’apprentissage se dessine. Même si ça tord le cœur, ça fait du bien de savoir précisément ce qui tourmente mon Koko.

Mais je suis tout de même en furie, parce que cet été, on ne fait pas que chanter paisiblement C’est le temps des vacances, comme je l’aurais naïvement souhaité, on cherche aussi la fameuse recette parfaite pour Koko. La bonne médication pour s’assurer d’une rentrée scolaire plus paisible que la fin de la dernière année. Mais moi là, ça me donne la maudite rage de devoir scruter à la loupe mon Koko, je bouille à essayer de comprendre ses réactions, j’ai les crocs sortis à la plage quand, plutôt que de m’amuser, je me questionne : « s’il fait ceci ou cela est-ce dû à ceci ou cela? »

Je fulmine parce que depuis quelques temps, j’ai l’impression de rêver éveillée, et ce n’est malheureusement pas un beau rêve. C’est plutôt de l’ordre du cauchemar, vous savez, ces rêves que l’on fait de manière récurrente, ceux dans lesquels on se sent pris, qui n’ont pas de fin. Ceux qui font que pour une rare fois, on est content de se réveiller malgré le précieux sommeil qui nous fait trop souvent défaut!

J’ai beau faire le rituel de tourner mon oreiller de côté, de me raconter que les monstres ça n’existe pas et de dessiner des capteurs de rêves… foutaises! Rien n’y fait! Je confesse avoir arnaqué mes enfants avec toutes ces belles astuces!

Mon cauchemar récurrent à moi, il s’appelle : « un été avec un enfant de 5 ans »! Je l’ai déjà vécu, avec Koko, j’en ai bavé un coup, puis je m’en suis sortie, amochée, mais toujours debout. Eh bien moi qui croyais que c’était derrière moi, voilà que je frappe un mur de plein fouet, avec l’été des 5 ans de Lolo!

Il y a quelques années, j’étais incapable de faire une activité avec mes deux fils sans finir la langue à terre, et voilà qu’on remet ça. L’accalmie n‘aura été que de courte durée. Et ça, ça m’enrage. Devoir encore vivre avec le dilemme de comment punir un sans priver l’autre et comment avoir du plaisir avec eux sans me ruiner la santé (physique et psychologique). Ces foutues questions, je ne voulais plus me les poser, elles me font monter l’écume aux lèvres.

Quand je marche dans un crachat surprise d’un Lolo furieux de s’être mérité un dodo tôt (parce toute la journée il a été impoli, m’a défié, a provoqué et ridiculisé son frère), hé bien j’ai la rage. J’ai envie de sauter à la gorge de quelqu’un. Pas de Lolo, mais de celui qui inévitablement me dira un jour qu’il suit les traces de son grand frère en lui posant à son tour une étiquette.

J’ai envie de hurler STOP! Je viens tout juste d’apprendre à composer avec Koko, à faire avec sa différence parce que comprendre m’a permis d’accepter et de tolérer. Mais STOP, pas deux! Ce n’est pas comme je le répète sans cesse à mes boys pour les verres de lait : « un c’est bien, mais deux c’est mieux ». Ce n’est pas vrai, « un c’est trop et deux c’est juste beaucoup trop ». C’est ainsi que je me prédis un calvaire.

Mais là attention, moi j’ai le droit de le penser, et moi j’ai même le droit de le dire si ça me chante. Mais pas vous. Parce que voilà l’ultime découverte de mon été, ça me met le mors aux dents quand je perçois de la pitié chez les gens, du genre : « Pauvre fille, comment elle fait, à sa place je ne serais pas capable, elle ne pense pas à elle, elle n’a plus de vie à cause de ses fils… »

Ma vie c’est mes fils.

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Mère monoparentale de deux magnifiques tornades, menant de front le rôle de maman et papa (le géniteur des dites tornades ne s’investissant pas suffisamment pour porter le titre de Père)! Travailleuse sociale dévouée et rigoureuse œuvrant au sein de familles en difficulté depuis plus de 15 ans, qui dans le chaos organisé d’une vie familiale et professionnelle exigeante, cherche aussi à vivre une vie de femme, quand (ou si !?!) le temps le permet! Déterminée, fonceuse et impulsive parfois (moins souvent maintenant)! Farouche protectrice de sa marmaille, bouclier entre le monde et deux garçons intenses, excessifs, grouillants, surprenants et oh! combien vifs d’esprit, sensibles et gratifiants! Nouvellement passionnée pour l’écriture, qui souhaitons-le rejoindra ceux qui ont aussi une vie différente …