Ma fausse schizophrénie

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Attention à comprendre le sens premier de mon titre. Je ne suis pas schizo du tout, mais par moment, j’en ai vraiment l’impression. En fait, j’ai envie de partager avec vous pour qu’on parle ensemble de ces petites voix ou vraies voix qui nous entourent et finissent par nous habiter complètement.

Il y a un certain temps déjà, j’en parle dans mes textes souvent, j’ai entamé un virage positif. J’ai décidé de devenir un petit bonheur sur deux pattes. J’ai choisi de partager le positif et de voir la petite étincelle de positif même dans les choses les plus sombres et les plus « dark ». Mon parcours de vie ne m’a probablement pas donné le choix trop, trop. Un réflexe de survie si on veut, probablement.

Dernièrement, j’ai voulu que cette paix transparaisse dans mon corps autant que dans mes actions, du mieux que je le pouvais. J’ai teint mes cheveux en rose. J’ai entamé un virage santé, plus d’eau moins de café… plus de fruits et de légumes, moins de dessert… J’ai perdu 40 livres. J’étais fière de moi. Vraiment… J’ai commencé à chanter, à m’enregistrer… J’ai fait de la chorale avec ma famille dans le temps des fêtes. Ben oui, mes trois tempêtes et leur petit papa dans la chorale de Noël. Je me suis embarquée dans des comités pour faire avancer mon milieu de travail sur le chemin de la bonne entente collective. J’ai suivi des formations volontaires pour être une meilleure éducatrice. J’ai continué sur ma lancée.

Puis, elles sont revenues en grande mes petites voix. Celles qui, adolescente, me faisaient sentir misérable au point de vomir mes repas. Celles qui ont fait que je suis allée étudier comme éducatrice au lieu d’en musique classique. Celles qui font que devant un conflit, tu te pousses dans l’autre direction au lieu de venir encourager le calme et le dialogue. Celles qui te donnent le goût entre choisir le coton ouaté au lieu de ta petite robe cintrée. Celles qui te font te dire devant le bulletin de ton enfant que tu ne l’as pas assez aidé. Celles qui te font douter de ce que tu as fait et de ce que tu es.

Je me suis levée un matin avec la sensation que ces voix, ces doutes-là venaient m’étouffer. Puis, je me suis rendue compte que ces voix-là ne m’avaient pas toujours habitées. Elles étaient des commentaires de gens que j’avais intériorisés comme des auto-critiques.

J’ai beau me donner le mandat d’être à l’écoute. Il y a quand même une personne qui trouve dans la vie que mon écoute laisse à désirer. Il y a quand même quelqu’un qui trouve que je ne suis pas assez disponible ou qui trouve que sur ma liste de priorité, il n’est pas assez haut.

J’ai beau prendre soin de mon corps. Il y a quand même une personne qui trouvera à me faire remarquer que mes cheveux ne sont pas de mon âge, que j’ai un look enfantin ou encore que mon petit gras de bras devrait être travaillé. Il y aura quand même cette personne qui me fera sentir plus grosse qu’elle, pas assez en forme, pas assez souple, pas assez proche de ma féminité. J’en passe.

J’ai beau pouvoir faire sourire des gens avec mes pièces, mes histoires, mes chansons, mes comptines. Il y a quand même une personne pour critiquer mon art et mes interprétations. Pour me faire sentir qu’elle est mieux, qu’elle aurait fait mieux… Que je ne suis pas assez.

J’ai beau être une très bonne éducatrice passionnée, il y a quand même cette personne qui me fera douter de mes compétences à un moment ou à un autre.

J’ai beau composer des textes… C’est sûr, il va y en avoir pour passer des commentaires. Si ce n’est pas que je me prends pour une autre, ce sera que j’essaie de donner des leçons de vie ou encore que je n’applique pas vraiment ce que j’écris, name it, à l’infini… C’est si facile.

Parce qu’à travers toutes les bonnes intentions et toutes les belles actions, celle qu’on remarque, celle qui se grave en nous, celle qui reste là comme une honte, c’est LA FOIS où tu as merdé ou que tu t’es trompé. Sans compter que l’interprétation de l’intention reste un élément très personnel. Pour 10 belles actions, il suffit d’une critique pour venir te scrapper le bonheur. 

Ce matin-là, j’étais découragée. J’avais envie de ne voir personne. J’avais envie de rester cachée dans mon lit et de faire le bilan de mon virage positif. Étais-je vraiment plus heureuse? Étais-je vraiment une meilleure personne? Honnêtement, je n’ai jamais trouvé la réponse. Par contre, j’ai auto-engueulée mes petites voix. Elles en avaient long à dire, je vous jure. Elles voulaient se déresponsabiliser. Et au final, elles avaient raison sur un point. Je pourrais accuser la terre entière de mes insécurités et de mes doutes. Je pourrais couper les ponts avec chacune des personnes qui m’ont fait douter. Ce serait facile… Ce serait hypocrite. Oui, oui… Hypocrite.

La seule personne qui doit mettre un stop à ces petites voix, qui doit voir la valeur en elle… Ben euuhhh, c’est vraiment facile, c’est MOI. Si la valeur que je m’accorde doit passer dans les commentaires des autres, c’est que mon bonheur ne vient pas de moi. Il vient des autres. L’univers étant ce qu’il est… Cultiver le bonheur est beaucoup plus difficile que de cultiver le malheur. Cultiver dans de la merde vue que c’est si difficile de trouver de la belle terre pure et saine… Vous voyez l’image? Voir le négatif est plus facile. Chialer, critiquer, manipuler… Nous sommes tous habités par notre propre auto-critique, notre dévalorisation autosuffisante. Chaque commentaire devient la confirmation de ces petites autosuggestions, non?

J’étais dans la file d’épicerie la semaine passée et une dame prenait vraiment son temps à la caisse. La petite caissière était en entrainement. La cliente avait mille et une questions. Il y avait des erreurs. Entre elle et moi, il y avait une dame avec ses enfants. Elle était impatiente. Elle faisait des commentaires désagréables assez forts pour que la cliente et la caissière entendent. Elle faisait cela devant ses enfants. Peut-être avait-elle une très mauvaise journée… Peut-être avait-elle besoin d’un exemple… J’ai attendu derrière elle, j’ai jasé avec elle et ses enfants. J’aurais pu changer d’allée, j’aurais pu critiquer aussi. Je lui ai dit comment je trouvais qu’elle avait de beaux enfants (je ne mens jamais) et comment je les trouvais très patients. Quand elle a eu payé ses choses, je l’ai salué. J’ai félicité la petite caissière de sa patience et de son sang-froid. Je suis partie et j’ai eu le plaisir de voir ses petits cocos me faire des bye bye de leur petite menotte. Peut-être que ce soir-là, elle va chialer à son chum sur la caissière, mais peut-être aussi qu’elle va plutôt lui parler de la madame bizarre avec les cheveux roses qui faisaient des blagues avec ses enfants pour passer le temps. Honnêtement, je ne sais pas… Est-ce que c’est grave? Pas du tout.

La perfection n’existe pas. L’idée, c’est de rendre le monde meilleur en faisant taire les petites et grandes voix qui pourraient graver quelque chose de négatif en nous. La compréhension devrait avoir toute sa place. L’acceptation aussi.

Et si on devenait les outils du bonheur? Par notre exemple auprès de la génération de demain. Si au lieu de leur mentir en leur disant qu’ils sont des champions, des princesses ou les boss de l’univers, on leur disait le «vrai » positif qui les habite? Tu m’impressionnes quand tu résous tes problèmes de mathématiques. Je suis fière de te voir lire. J’aime te voir prendre soin de ta chambre. Les tâches de ménage que tu fais m’aident beaucoup. Et si ces beaux commentaires devenaient les petites voix RÉALISTES dans la tête de nos enfants? Enrobées dans des JE T’AIME… On bâtirait des enfants « groundés » et solides dans leur personnalité et leur confiance en soi.

Voici donc mon devoir… Aujourd’hui, demain, chaque jour… Prenez une situation de votre quotidien et devenez l’outil du bonheur, la petite voix dans la tête de quelqu’un… Devenez sa fausse schizophrénie positive à lui. Si on commence, on arrivera peut-être à contaminer la terre entière, non?

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Maman TDAH de trois tempêtes; Tornade 11 ans (TDAH avec impulsivité et trouble anxieux), Ouragan 9 ans (TDAH) et Tsunami 6 ans (trop jeune pour un diagnostic), je suis la douce moitié de mon petit mari (TDAH). À cela s'ajoute une grande sœur au pays des nuages que nous appelons affectueusement Coccinelle. Éducatrice en pouponnière ainsi qu'anciennement auteure de livre jeunesse, je me considère comme une sage dans l'art de la patience infinie...