J’ai une famille hors-norme, différente. Composée de fiston, un ado autiste, ses deux jeunes sœurs neurotypiques, maman monoparentale, un chien et deux lapins…
Je me suis donnée une semaine pour décanter avant d’écrire ce texte. Je dois apprendre à laisser couler les préjugés et ne pas me laisser envahir par ce genre de situations. Mais je ne peux pas passer sous silence. Ses commentaires ne s’adressent plus juste à moi, mais directement à mes enfants. Et cette fois, ma plus vieille a riposté et lui a dit sa façon de penser…
Dimanche passé, juste avant le souper, fiston et sa jeune sœur profitaient des derniers rayons du soleil en jouant au ballon dans la rue, alors que ma plus vieille et moi nous trouvions à l’intérieur. Quand tout à coup, le ballon s’est malencontreusement retrouvé sous sa voiture qui est TOUJOURS garée dans la rue (qui lui appartient, soit dit en passant), malgré qu’il y ait deux espaces de stationnement dans son entrée. Mes enfants tentent tant bien que mal de récupérer leur ballon quand il se met à crier par la fenêtre du salon : « Tassez-vous de mon char, bande de p’tits criss! ».
Mes enfants entrent en trombe dans la maison : « Maman, maman, le voisin nous a traité de p’tits criss… Le ballon est pris sous son auto… ». Ma plus vieille qui ne s’en laisse pas imposer, se précipite à l’extérieur pour aller chercher le ballon. Je la suis en levant les yeux au ciel : « Pas encore! ».
J’ai à peine le temps de sortir qu’il est déjà dehors à surveiller son char. « Dis à tes p’tits criss de lâcher mon char! ». Je lui réponds que s’il ne veut pas que le ballon risque de se retrouver sous sa voiture, il n’a qu’à la mettre dans son entrée, comme tout le monde. Sa femme de sortir pour en rajouter, c’est alors que ma plus vieille décide de s’en mêler : « Si vous n’aimez pas les enfants, pourquoi vous ne déménagez pas? Il y a des enfants partout ici! » Et lui de riposter à ma fille que nous sommes LA seule famille dysfonctionnelle (il l’a appris où ce mot?) du quartier et qu’AUCUN voisin ne nous tolère… Ma fille de répondre : « C’est pas vrai, vos voisins à côté, c’est mon amie et vous êtes aussi méchants avec eux. »
Bref, pour faire une histoire courte et vous éviter toutes les insultes qu’il a pu crier à ma fille, j’ai rapatrié mes « p’tits criss » et suis rentrée. « Maman, c’est de l’intimidation, il faut faire quelque chose! Je vais écrire un texte! » Digne fille de sa mère…
Des années que ça dure. La police ne peut rien faire. À moins de monter un dossier et de faire une plainte pour harcèlement et encore. Non, je n’ai pas les moyens de déménager. Non, je n’ai pas le temps et encore moins l’énergie de porter plainte. D’autres chats à fouetter avec ma famille « dysfonctionnelle »…
Je n’en parle pas pour me plaindre ni pour me faire prendre en pitié. J’en parle pour dénoncer. J’en parle pour sensibiliser. J’en parle parce qu’écrire est le seul moyen que j’ai de faire connaître mon histoire. Ma famille a droit au respect. Et mon histoire mérite d’être connue.
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