Ma chère culpabilité

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Du plus loin que je me souvienne, tu as toujours fait partie de ma vie. Mais depuis que je suis devenue mère, tu es entrée par la grande porte!! Avant, tu étais comme une connaissance éloignée que l’on voit quelques fois par année. Depuis que je suis devenue une maman, tu es plus comme une voisine harcelante que même si on ignore, elle est toujours là et souvent envahissante.

Comme beaucoup de parents, quand j’ai appris que mon fils avait des besoins particuliers, tu as envahie toute les parcelles de mon corps et de mon esprit. Je sais rationnellement que je ne suis pas responsable des diagnostics de mon fils mais toi, tu es sournoise, tu sais emplir mon esprit de doutes. Étais-je trop stressée durant ma grossesse? Me suis-je bien alimentée? Est-ce que j’étais trop fusionnelle avec mon bébé ou l’ai-je laissé trop pleurer… Tu vois le portrait?!

Tu reviens au galop chaque fois que mon fils vit des obstacles, j’aimerais faire plus, j’aimerais faire mieux. Quand je gère ses crises et ramasse les pots cassés, tu me rappelles que je prends moins de temps pour les deux autres. Quand je prends du temps pour mon couple et que je fais garder mes enfants. Quand je suis carriériste, tu me fais douter qu’une maman à défis devrait se concentrer sur sa famille. Quand je prends du temps pour moi avec mes amis, tu me fais feeler cheap de laisser mon chum avec les enfants et de ne pas passer tout mon temps avec eux… Non mais, peux-tu me laisser un break?!

Si je me parlais comme l’on parle à une meilleure amie, je serais capable de te dire que je n’en ai rien à foutre de toi. Que je fais mon possible selon mes capacités, que j’aime mes enfants à l’infini et que suis une bonne maman. Si une autre maman à défis me parle de toi, je n’hésite pas une seconde pour lui dire de t’envoyer paitre. Je lui dis qu’elle a tout mon respect et mon admiration, que ça prend beaucoup de courage et de résilience avec nos petits cocos et que ses enfants ont de la chance de l’avoir.

Mais toi, ma chère culpabilité, tu as tendance à affecter mon rationnel et à me juger sévèrement. Je sais que même si je te dis de t’en aller, tu vas rester, mais je pense que j’aurais avantage à t’ignorer. Après tout, être maman c’est un défi en soi et ceux qui ont des enfants à besoins particuliers ont sans doute été souvent habités par ta présence. Je vais garder la tête haute car la seule chose dont je suis vraiment coupable, c’est de tout prendre sur mes petites épaules de mère.

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Maman de trois petites merveilles, deux garçons et une petite fille. Mon plus grand vit plusieurs défis depuis son jeune âge. Il a été opéré trois fois pour un strabisme important entre l'âge de 6 mois et 5 ans. Il a reçu plusieurs diagnostics et hypothèses depuis l'âge de 4 ans : TSA, TOC, TDAH, TOP, SGT. Professionnellement, je suis bachelière en psychologie et membre du registre des droits acquis de l'OTSTCFQ. Je travaille en intervention depuis 15 ans, d'abord auprès d'enfants et de familles. Depuis les 10 dernières années, je travaille en réinsertion sociale avec une clientèle en santé mentale, judiciarisée, dépendance, etc. Je suis depuis 5 ans coordonnatrice clinique responsable d’une équipe de 15 intervenants dans un centre d'hébergement. Je jongle tous les jours avec mes multiples chapeaux et les défis que la vie nous amène.