Lettre à mon fils en ce mois de l’autisme

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Nous sommes en avril et c’est le mois de l’autisme.  Ça fait déjà 2 ans que tu as reçu ton diagnostic.  Un diagnostic qui m’a fait mal, déchirée et, disons-le franchement,  m’a fait haïr ma vie.

Je t’ai mis au  monde et pour moi, tu n’étais pas différent de tes trois sœurs.  Je n’ai jamais vu venir le coup de masse qu’a été ton diagnostic.  Je t’ai vu différent pour la première fois et ça m’a fait tellement mal…

Je voulais une vie parfaite pour toi.  Une vie sans intimidation, sans problème majeur, sans défaut.  Les six premières années ont étés merveilleuses.  Tu avais ton petit côté mystérieux, mais rien de bien grave à mes yeux.  Tu n’étais pas tannant et tu souriais tout le temps.  Un magnifique petit garçon.  Tu étais aimé plus que tout et étant le seul petit garçon de la fratrie, tu étais aussi très gâté.  Quoi de plus normal.

Avec l’arrivée de l’école, mon cœur a chaviré.  Tu étais devenu grand et il fallait que je te partage.  J’étais fière de toi car je te voyais aller jouer dans les modules de jeux et tu avais l’air dans ton petit monde rien qu’à toi.  Tu m’épatais vraiment.  C’est avec les larmes aux yeux que je t’ai vu entrer dans l’école, avec tes nouveaux camarades et ton institutrice.  Je ne te souhaitais que du bonheur et du succès.

C’est cette première année d’école qui brisé tous les rêves que j’avais pour toi.  Ton professeur qui m’annonce que ça ne va pas bien.  La psychologue qui doit t’évaluer plusieurs fois pour en arriver à une conclusion.  Mais qu’est-ce qui se passait?? Toi qui avais toujours été un petit garçon tranquille… Pourtant, à la maison, tu étais toujours le même… Je ne comprenais rien de ce qui se passait.  Et c’est là, que l’autisme a montré le bout de son nez.  Il a toujours été présent, mais bien caché.  Jamais je ne l’ai soupçonné.  Ce trouble qui allait me briser.

La différence s’invitait à nouveau dans nos vies.  Je n’en voulais pas de ce trouble-là, car j’avais déjà le TDA qui s’était incrusté avant.  Cet autisme qui envahissait ma vie, je le haïssais.  Je voulais à tout prix retrouver mon fils.  Celui qui n’avait pas de défaut, celui que JE voulais parfait.  J’en ai fait une dépression.  Crois-moi,  ça a été extrêmement dur de remonter la pente, mais j’ai réussi.  Grâce à toi.

Tous les jours où je pleurais, tu étais là pour me consoler.  Tu me prenais le visage et tu me disais : « Je t’adore maman. »  Tu me collais et me flattais le dos avec ta petite main et avec ton grand sourire.  Et avec tes magnifiques yeux bleus, tu me faisais voir toute la beauté du monde.  Et c’est là que j’ai constaté que le fils parfait, je l’avais toujours eu.  L’autisme ne me l’avait pas enlevé.  Cette autisme, que je maudissais, m’avait voilé la face au point où je ne voyais que lui.  Pourtant, tout en avant,  bien en évidence, il y avait TOI.  Toi, le seul et unique, le plus important.  TOI, mon fils.

Nous n’avons pas combattu la bête, mais nous la maîtrisons.  L’autisme fera toujours partie de toi, mais toi, tu feras toujours partie de moi.  Tu es merveilleux, sensible, courageux, intelligent, généreux et j’en passe! Tu m’apportes tellement de joie que je ne peux imaginer que tu sois autrement.  Ce n’est pas l’autisme qui fait que tu es différent, mais c’est la perception des autres qui fait que l’autisme en toi se voit différemment.

Garde toujours ton merveilleux sourire et tes petits yeux taquins.  Reste toujours celui qui veut changer le monde à ta manière bien autistique.

Je t’adore moi aussi mon trésor!

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Vicky Mc Carthy est une femme dans la quarantaine un peu cinglée. Mariée à un hypothétique TSA, elle est aussi maman de 4 amours, tous TDA/H avec de la dyslexie/dysorthographie pour la plus vieille et TSA pour le plus jeune. Elle essaie de voir le bon en chaque personne et d’avoir une opinion sur un peu tous les sujets. Sa préoccupation première est sa famille mais aussi d’avoir un bon gros morceau de chocolat pour les baisses de positivisme. Elle aime faire des « jokes » plates selon ses enfants mais à la longue, on finit par aimer son humour et son franc-parler. Travaillant dans le domaine de la santé, elle se donne corps et âme pour le bon développement de sa sacro-sainte progéniture dans leur diagnostic, dans leur développement scolaire et dans leur vie. Bienvenue dans ce tutti-fruitti