Les petits miracles

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Je me considère très chanceuse d’être maman de trois merveilleux garçons. Quel bonheur d’avoir mis au monde ces petits trésors que j’aime tant et de maintenant partager leurs vies au quotidien. Ma vie a changé pour le mieux, dès que j’ai posé les yeux sur eux. Malgré tout, ce n’est pas toujours facile d’élever des enfants. Comme tous les parents, je vis des bons mais aussi des moins bons moments avec eux. En particulier avec mon fils du milieu, Mathis, qui a 3 ans et qui est autiste.

Parfois, ça va si mal que je me sens à bout de souffle, épuisée, découragée. L’angoisse et la peur s’emparent de moi. Allons-nous arriver à stimuler suffisamment Mathis pour qu’il soit un jour autonome? Est-ce que j’en fais assez pour assurer son bon développement? Est-ce qu’un jour mon fils va parler? Quand est-ce qu’il va être propre? Les nuits blanches, est-ce que c’est pour toujours? Quand est-ce qu’il va arrêter de nous taper et de nous mordre à la moindre émotion? Est-ce qu’il va toujours être fugueur? Lorsque mon corps sera éteint et que je serai décédée, arrivera-t-il à s’occuper de lui-même? Bref, la roue se met à tourner et mon esprit est alors tourmenté par mille et une questions dont j’ignore les réponses.

Souvent, ces moments d’angoisse viennent après des journées difficiles. Des jours où l’autisme de mon fils prend beaucoup de place, trop de place. Des journées où j’ai l’impression que je n’arrive à rien avec lui. Où tous les efforts que je mets ne semblent avoir aucun impact positif sur son développement. Il y a des jours où j’ai le sentiment d’avancer à reculons. Les journées les plus difficiles, sont celles où j’ai l’impression qu’il y a un mur entre lui et moi… il me voit, je le vois, mais je n’arrive pas du tout à l’atteindre, ni à le comprendre. Ces jours où il n’y a presque pas d’interactions entre lui et moi… je les déteste! Quand vient alors le soir et que je pose enfin ma tête sur l’oreiller, soit je m’évanouis dans un sommeil profond, soit mes angoisses me paralysent et je ne peux pas fermer l’œil de la nuit.

Dans les deux cas, je me réveille au petit matin, la gorge serrée et la peur dans l’âme. J’ai peur que ce soit encore une mauvaise journée. Est-ce que je vais avoir la force de l’affronter? Est-ce que je vais y arriver? Ces réveils sont pénibles, mais parfois, un petit miracle se produit: j’entends sa voix. Sa petite voix douce et attendrissante, celle que j’entends trop rarement. Elle vient à mes oreilles et me donne la force d’ouvrir les yeux. À travers les sons et les bruits qu’il émet, j’entends soudainement «mama». C’est à ce moment qu’une énergie monte en moi et me donne la force de me lever. Je n’ai qu’une seule envie, aller le rejoindre et le prendre dans mes bras. J’entre dans sa chambre, il est là, encore couché, emmitouflé sous sa montagne de doudou. Il me regarde droit dans les yeux et me fait un énorme sourire. La joie me transperce le cœur. Tout à coup, je me sens mieux, je n’ai plus peur. Ce sera une bonne journée, parce que peu importe ce qui se passera, peu importe les difficultés, j’aurai la force de les affronter, et ce grâce à lui. Plus tard, il y aura certainement une autre crise, un autre défi, un autre mur, mais il y aura aussi, son sourire, sa douce voix, ses beaux grands yeux qui me regardent, ses petites mains qui se font aller à travers la fenêtre du salon pour me dire au revoir, ses bisous soufflés quand je pars et ses énormes câlins quand je reviens, ses éclats de rires lorsqu’il joue un bref moment avec ses frères. Il sera là, dans toute sa splendeur et dans toute sa différence.

Toutes ses petites choses qu’il fait, peuvent paraître normales pour les autres parents, mais pour moi, ce sont de petites victoires, de petits miracles qui me donnent de l’espoir et qui me donnent la force d’affronter les moments difficiles. Des grandes joies, à travers les montagnes russes de l’autisme.

Je t’aime mon fils.

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Mère de 4 enfants, Christine a toujours su qu’elle réaliserait un jour son plus grand rêve, celui de devenir maman. Ayant travaillé plusieurs années auprès d’enfants autistes, elle croyait bien maîtriser toutes les facettes de la différence, mais lorsque son deuxième fils est né autiste, à sa grande surprise, elle réalisa qu’au fond, elle ne savait pas grand-chose sur le sujet! Son premier fils vit avec un trouble de l'information sensorielle ainsi qu'avec un trouble anxieux, son troisième fils, qu'à tant lui, vit avec une dyspraxie verbale. Le quotidien de cette famille différente est loin d'être ordinaire! Christine est aujourd'hui représentante pour des outils sensoriels et des jeux éducatifs chez Équipement de bureau Robert Légaré. Elle vous partagera ici, ses bons et moins bons moments, ainsi que ses coups de cœur en espérant sensibiliser, informer et toucher les lecteurs sur l'autisme et tout ce qui l'entoure.