Les parents célestes

0
192

Pour mes amies Martine, Marilène, Marie-Claude, Caro et leurs conjoints, leurs enfants…

Elles sont discrètes. Fortes dans leur douleur, trop sensibles au malaise que leur présence peut causer autour d’elles, parmi ces gens qui connaissent leur histoire. Les mamans du ciel. Ce sont ces mamans aux bras vides, aux cœurs serrés, avec une rivière au fond des yeux. Ce sont ces mamans avec une âme déchirée, recousue, rapiécée… Elles sont silencieuses quand elles voudraient crier, hurler au monde leur douleur, leur incompréhension devant une fatalité quasi irréelle. Pouvoir crier si fort leur amour pour être entendues aux confins de l’univers…

Les mamans du ciel, appuyées de leurs conjoints qui eux aussi souffrent en silence. Qui maladroitement parfois, tentent d’aider celles qu’ils aiment, à se relever devant le mur si grand de l’incompris. Ces papas d’étoiles aux bras remplis de peur, de douleur; la leur et celle de celles qu’ils aiment. Tentant tant bien que mal de se mouler au profil de l’homme fort qui réconforte sa femme, qui garde pour lui ses émotions, mais qui pleure en douce sous l’eau de la douche…

Ces parents douleur qui ont vu la vie gonfler lentement un ventre, qui ont feuilleté les pages d’un dictionnaire de prénoms ou éplucher des sites pour trouver celui qui conviendra à cette petite étincelle qui grandit tout doucement. Qui ont magasiné des jouets, des vêtements, aménagé une chambre et peint des murs… Les voici devant la fatalité d’un lit, d’une chambre vide et silencieuse. Le cœur en miettes, les bras ballants, figés dans une douleur sans nom, sans description…

Ces parents qu’on ne sait trop comment aborder ou comment approcher. À qui on n’ose pas sourire de peur d’être déplacé, de peur de blesser. Ces parents qui ont besoin de présence, qui ont besoin d’une épaule, qui ont besoin de soutien, mais pour qui,  trop souvent, on se sent trop impuissant pour être présent.

Ces mamans du ciel, ces papas d’étoiles. Parents célestes aux larmes de lune qui n’oublient jamais cette poussière d’ange passée trop rapidement dans leurs vies. Qui doivent surmonter les tabous sociaux encore trop grands face au deuil qu’ils doivent faire d’un enfant qu’ils n’ont pas ou trop peu connu. Auquel ils ont donné un nom qu’ils ne prononceront que trop peu en caressant un ventre vide, en échangeant un regard complice de la peine partagée.

Ces couples qui font semblant, après un certain temps, que tout va bien. Qui sourient aux amis, aux proches pour ne plus sentir le malaise de leur présence. Mais qui voudraient tant pouvoir parler de cet enfant qui ne grandira pas, qui ne sourira pas, qui ne dira jamais maman… papa… Cet enfant qui n’aura pas de voix. Parti, on ne sait trop pourquoi, rejoindre trop tôt les étoiles, illuminer le firmament. Ces étoiles filantes qui effleurent les vies, qui laissent une trace dans les cœurs, dont on célèbre l’anniversaire de l’absence.  Ces bébés qui sont aimés, chéris et surtout pas oubliés par leurs parents célestes. Leur maman du ciel. Leur papa d’étoiles.

PARTAGER
Article précédentQuand l’avenir inquiète…
Article suivantL’attente
Éducatrice à la petite enfance depuis une vingtaine d’année, adepte de l’entrainement en force pour ne pas perdre complètement la tête, Nancy Ringuet, très possiblement TDAH, est maman de deux garçons à diagnostics : un grand TDA sévère et un plus jeune SGT, TDAH impulsivité mixte et TOP. C’est un long combat qui aura mené aux diagnostics du plus jeune, et un long combat qui s’engage pour faire reconnaître ses besoins. Passionnée de recherches et assoiffée d’en apprendre plus, elle fouille le net sous toutes ses coutures. Elle partagera ici des textes et réflexions sur ce vécu différent de mère chef de famille, avec un conjoint dont le travail l’amène à être absent.