Le diagnostic, enfin

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Je voulais t’écrire encore à toi, le parent qui attend avec impatience de voir un professionnel au public car le privé, tu ne peux pas te le permettre. Je voulais te dire que je comprends.

Tu as hâte à ce diagnostic, tu en as même honte parfois d’avoir si hâte que quelqu’un dise que ton enfant et bien, il n’est pas «  normal ». Je sais que tu attends juste ça le fameux appel. Que chaque fois que tu vois « numéro restreint » sur l’afficheur, ton cœur se serre, car peut-être, enfin, ce serait le fameux appel. Que ce numéro bloqué, pour une fois, tu vas y répondre. Que tu l’attends. Que tu attends patiemment qu’on te le dise.

Que les crises, l’école, tu n’en peux plus. Des fax, des appels et des grilles d’évaluation, tu n’en vois plus le bout. Que le dossier de ton enfant auquel s’ajoutent des billets de l’école pour mauvais comportement est en train de déborder.

Que le soir quand il dort, tu le regardes et tu espères tant que ce visage détendu, tu pourras enfin le voir quand il sera réveillé. Que tu souhaites une médication, pas pour le calmer et te la couler douce, mais pour qu’une fois, ton enfant s’aime autant que toi tu l’aimes. Qu’on t’abreuve de mots doux dans l’agenda. De voir un «  Bravo! »  sur un test d’école.

De pouvoir enfin regarder le paysage avec lui et respirer à pleins poumons. De vivre avec lui la vie que tu voulais vivre quand tu as enfin eu la preuve que tu étais enceinte.

Qu’enfin quelqu’un te dise qu’après tout, ce n’est pas ta faute. Que tu pourras réussir à t’endormir sans avoir cette pensée qui te hante que c’est toi le problème.

Que quand tu voudrais, mais que tu n’en as plus l’énergie, tu auras un numéro, un e-mail d’un professionnel qui ne pourra pas t’aider à 100%, mais qui pourra te dire que oui, tu es normal. Que tout ça, c’est beaucoup et qu’il se peut que parfois tu sembles te noyer dans cette vie qui s’est éprise de toi sans consentement.

Je ne peux pas te dire que ce jour, toutes les portes s’ouvriront et que tu accepteras ce diagnostic. Car même s’il est attendu, il te laissera ce petit craquement au cœur.

Mais je peux te dire qu’à la place de frapper sur un mur de roche qui s’étend à l’horizon, tu trouveras une petite porte qui s’entrouvrira.

Et que même si de l’autre côté, ce n’était pas comme tu l’avais imaginé, tu seras parfois déçu, parfois étonné, mais jamais abandonné. Car dans notre communauté de parents d’enfants différents, tu y trouveras du réconfort. On sera là, non loin. À t’écouter, à te lire.

Quand tu franchiras cette porte, tu y laisseras cette amertume, tu y laisseras ton dégoût envers toi-même. Car avec l’acceptation du diagnostic, tu t’accepteras enfin. L’histoire que tu croyais vivre sera différente, pas moins bien, juste différente.

Alors ne lâche pas. Si tu crois que ton enfant a besoin d’aide, fonce, frappe aux portes, défonce-les s’il le faut. Son avenir, son bonheur en dépend.

Et n’oublie jamais de regarder tout en haut des murs de pierre, on est là, prêts à te montrer le chemin. Nous, parents comme toi. On est là, on ne t’oublie pas.

Le dossier de ton enfant est peut-être perdu entre deux pour le gouvernement, mais jamais pour nous.

On te comprend.

On est passé par là.

Surtout, ne lâche pas.

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Je suis maman d'un merveilleux garçon qui a un TDAH et un TSA sans déficience intellectuelle. J'ai toujours été sensible à la maladie et aux troubles mentaux, je suis d'ailleurs préposée aux bénéficiaires. Mon fils réussit à faire ressortir le meilleur de moi-même. Le but de mes textes est d'évacuer mais surtout de conscientiser le monde à la différence et aux troubles mentaux ainsi qu'à leurs aspects dans la vie de tous les jours. J'espère vous toucher par mes écrits autant que moi je suis touchée en les écrivant.