La rechute

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Quand ça fait un bout que ça va bien, une partie de nous marche sur des œufs puisque nous voulons que ça continue de bien aller. Comme si une partie de nous trop souvent blessée par des rêves brisés ne faisait plus confiance aux bons moments.

On cherche la mine qui explosera pour nous montrer que non, il n’y aura jamais de miracle. Qu’un jour, il y aura quelque chose qui te fera revenir en arrière.

Comme si nous attendions l’agenda de l’école avec dégoût. Le petit stress que cela apporte d’ouvrir ce livre sali par ta tristesse trop souvent vécue.

J’ai eu, on a eu, des semaines où rien n’était écrit. J’ai baissé ma garde un peu et je l’ouvrais maintenant comme la plupart des parents, juste pour voir. Au cas où, mais sans rien y retrouver de réellement important. Et puis hier, c’est arrivé. J’ai vu le paragraphe qui fait pratiquement deux journées. Dans une grande inspiration, j’ai refermé le tout et je t’ai demandé.

Avec le regard, ce regard que j’ai trop souvent vu, je l’ai aperçue, ta peine, resurgir d’outre tombe comme un vieil ami qu’on n’a pas trop envie de voir mais qu’on n’a pas le choix. Tu t’es mis à pleurer, j’ai pleuré aussi.

Sans en parler, tous les deux on s’est compris. Ça revient. Ton mal-être revient et tout comme toi, j’ai peur de retomber là où nous avions réussi à franchir un cap.

Je le sais, tu le sais. Ça reviendra un jour, mais on espère ne pas le croiser pour un bout de temps. Je le sens dans tes sanglots, ils sont différent de ta peine d’enfant habituelle. Ils sont habités par un vieux démon émotif qu’on n’a pas réussi à chasser pour de bon car bien sûr il fait partie de toi. Hier soir, collée à toi, j’ai fait ce que j’ai toujours fait. Je t’ai aimé, je t’ai donné tout ce dont j’étais capable. Je me suis tue et j’ai écouté les battements de ton cœur. Sans t’écouter verbalement, je t’ai écouté physiquement, j’ai ressenti ta lourdeur. Je ne m’en étais tellement pas ennuyée, mais j’ai été là pour toi. À sentir ta tristesse, tes craintes et tes sentiments contradictoires.

Lorsque tu as été endormi, j’ai lu le mot dans l’agenda. J’ai pleuré cette crise comme jamais. Je nous revoyais au fond du gouffre. J’ai été découragée, je l’avoue. J’ai eu ce moment de panique intérieure, non on ne retourne pas là.

Après une bonne nuit, ce matin ça allait bien. Ta journée à l’école, s’est bien passée. Puis ce soir quand j’ai vu la note dans l’agenda, tu avais passé une belle journée. Je me suis souvenue de tout ton chemin parcouru . Je me suis souvenue que maintenant, on a un diagnostic. Je me suis souvenue qu’on a la classe adaptée qui t’aide tellement. Je me suis souvenue que même si un jour tu auras encore ce mal-être à l’intérieur, nous ne pouvons régresser car tes acquis sont là, tu as travaillé si fort pour les avoir.

Alors ce soir, je me souviendrai que même si un jour on rechute, jamais on ne revivra ce qu’on a vécu, ce sera autre chose. Et comme tu le sais, je serai là, à apprendre avec toi.

Ce soir, je profite du moment. Tu es mieux qu’hier et ça me prouve que la boucle de négativité n’est pas là encore, on a eu une jambette émotive mais pas une chute. Tu n’es pas pris dans ce tourbillon. Cette fois-ci on y a échappé, tu n’es pas rendu à cette étape encore.

Alors regarde-moi. Je suis là. Pour les bons et les plus difficiles moments, je suis là avec toi. On traversera ensemble quand on y sera rendu. D’ici là, profitons du moment.

Je t’aime

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Je suis maman d'un merveilleux garçon qui a un TDAH et un TSA sans déficience intellectuelle. J'ai toujours été sensible à la maladie et aux troubles mentaux, je suis d'ailleurs préposée aux bénéficiaires. Mon fils réussit à faire ressortir le meilleur de moi-même. Le but de mes textes est d'évacuer mais surtout de conscientiser le monde à la différence et aux troubles mentaux ainsi qu'à leurs aspects dans la vie de tous les jours. J'espère vous toucher par mes écrits autant que moi je suis touchée en les écrivant.