Ah cette fameuse étape du deuil qu’est la médication! Peu importe la maladie physique ou les troubles neurologiques, elle est dure à accepter lorsqu’on apprend que ce sera pour la vie.
Ce deuil de l’enfant qu’on croyait avoir, de cette vie qu’on s’était déjà programmée. Cette médication, je l’ai souhaitée, une fois que je l’ai eue, je l’ai pleurée. Je l’ai maudite, j’en ai douté plusieurs fois, mais j’ai toujours fini par la louanger.
La première fois que mon fils l’a prise, il a pleuré lorsque la médication ne faisait plus effet pour en avoir d’autre. Car pour une fois, comme il me disait, il se sentait bien. Il réussissait à jouer avec d’autres sans les frapper, à manger assis et, bien sûr, à ne plus se faire gronder.
Souvent, on a dû changer à cause de sa croissance et d’autres circonstances, mais chaque fois qu’on tombe sur la bonne molécule, je le sais, je le sens. Il est bien lorsqu’il est médicamenté avec le bon dosage.
Souvent par le passé, j’ai regardé ce maudit flacon de haut. Je me croyais plus forte, j’allais changer des choses, la routine, je croyais y arriver sans elle. Mais elle m’a démontré qu’après tout, elle aide mon fils.
Après une lourde bataille entre elle et moi, je l’ai acceptée dans nos vies. Mon fils va mieux avec elle dans sa vie. Ces temps-ci, depuis une semaine, sa nouvelle médication fait effet et ça paraît. Ce soir, je le regardais jouer au parc avec une nouvelle amie, il était bien, il était heureux.
Lorsque j’ai senti le fameux « effet rebond », lorsque la médication ne fait plus effet, on a quitté. Doucement. Tranquillement.
Ça a bien été. Encadrement, amour et bien sur médication, c’est un trio gagnant. J’y crois. Je l’accepte. Ce soir, en ouvrant l’armoire, j’ai regardé le fameux pot de pilules et pour la première fois, je l’ai remercié. D’être là, d’aider mon fils.
Ça l’air bizarre de remercier des pilules, mais dans tout ça, je crois que je me suis remerciée moi. Remerciée d’avoir accepté, d’avoir poussé, d’avoir écouté cette petite voix qui me disait qu’il y avait un truc qui n’allait pas avec mon fils et de l’accepter. De l’accueillir. La bataille n’est pas finie.
Oui un jour je serai découragée, un jour, on devra changer de médication à nouveau, mais ce jour-là, je serai prête. Prête à accepter, prête à foncer, prête à pousser.
D’ici là, je vais m’abreuver de chaque minute de bonheur, cette accalmie sera peut-être courte, peut-être longue, mais elle est là et j’en profiterai au maximum.
Et mon garçon aussi.