Avoir un enfant différent n’est pas chose facile! On ne doit pas uniquement faire le «deuil» de l’enfant normal, mais aussi d’une vie normale. Combien de fois me suis-je sentie coupable de penser que ma vie serait plus simple si fiston n’était pas différent! Mais au fond, qu’est-ce que la normalité? Une vie normale serait-elle pour moi si différente?
Lorsque le père de mes enfants m’a quittée, il y a six ans, j’ai tout de suite cru que ma vie était finie. Du jour au lendemain, je me retrouvais seule avec trois enfants de cinq, trois et un an, complètement démunie! J’ai repensé à ma mère qui nous avait élevée seule mon frère et moi et qui était décédée si jeune… Je me suis dit : «Ça y est, je revis la vie de ma mère et je vais mourir jeune moi aussi.» Je n’entrevoyais aucun avenir. Je croyais que jamais je n’y arriverais, que je n’étais pas assez forte. Je n’avais pas mis des enfants au monde pour les élever toute seule et pas question de les partager pour les voir grandir une semaine sur deux! J’ai alors sombré dans la dépression et j’ai dû me reconstruire. Je devais faire le deuil d’une famille normale.
À peine deux ans plus tard, alors que je commençais tout juste à me sortir de mon état, j’ai appris que fiston était différent. Le doute pesait déjà depuis un moment, mais le diagnostic officiel tombait maintenant : trouble envahissant du développement. J’ai alors compris que jamais plus je n’aurais une vie normale…
Depuis ce temps, j’ai l’impression de survivre au lieu de vivre. J’ai beaucoup de difficulté à profiter du moment présent et je n’arrive pas à croire que la vie peut être belle! Ma vie est différente et j’ai parfois encore du mal à l’accepter. J’ai le sentiment d’être passée à côté. Je m’étais fixé une destination et je me suis perdue en cours de route… Crise de la quarantaine? Mais pourquoi ne pas tout simplement croire que j’ai emprunté un chemin différent?
Alors que j’étais en 3e secondaire, j’avais écrit un texte sur ma mère qui avait une vie semée d’embûches. Pourtant, de l’extérieur, rien n’y paraissait! J’avais beaucoup d’estime et d’ admiration pour elle qui était toujours dynamique, de bonne humeur et qui, malgré tout, souriait à la vie, après avoir vécu la mort. De relire ce texte 25 ans plus tard m’a portée à réfléchir sur ce que je souhaite pour l’avenir et à l’image de moi que je veux laisser à mes enfants…
Voici donc 10 résolutions pour mes 40 ans :
- Accepter la différence
- Profiter de chaque petit bonheur
- Admirer mes enfants
- Cesser de culpabiliser
- M’arrêter pour prendre du temps pour moi
- Sentir la chaleur du soleil
- Boire du rouge au lieu de broyer du noir
- Sourire
- Faire confiance à l’avenir
- Croire que la vie est belle
Et vous, êtes-vous passés par la crise de la trentaine, de la quarantaine, de la cinquantaine?