Tu pleures…
Je voudrais te consoler. Tu sais, les mamans consolent les enfants.
« Non laisse-moi… »
Et je te laisse. Le cœur en miettes.
Tu tombes…
Je voudrais te soigner. Tu sais, les mamans soignent les enfants blessés.
« Ne me touche pas. »
Je voudrais juste que tu me laisses regarder. Mais c’est peine perdue. Tu ne voudras même pas un baiser.
Tu es lointain, préoccupé.
Si tu veux, tu peux me raconter. Les mamans écoutent, même les silences. J’aimerais gagner ta confiance.
On n’imagine jamais cette distance lorsque l’on imaginait son enfant. Un câlin, une caresse et un bisou devraient pouvoir tout guérir… Mais tu n’en veux pas.
Et pourtant, je t’aime. Je suis là, à coté de toi. J’attends un signe ou un regard de toi. Je suis là, juste là… Pour toi…
Je me sens inutile, incomplète et si peu mère face à ce mur entre nous.
Et puis ce soir, tu es venu près de moi. Plus près que tu ne l’avais jamais été. J’ai retenu mon souffle quand tu as posé ton oreille sur ma poitrine et que tu as écouté mon cœur. J’osais à peine te parler, de peur de te faire fuir. « Qu’est-ce que tu fais mon chéri? » « J’écoute si ton cœur bat pour moi maman. Je l’entends battre si fort? » « C’est parce que je t’aime fort. » Tu as souris, tu es resté contre moi en silence. Les larmes coulaient sur mes joues et j’essayais de les retenir pour ne pas t’effrayer avec mes émotions de chochotte.
Tu t’es relevé et sans me regarder tu m’as dit : « Moi aussi, je t’aime maman. »
Et tu es parti te cacher dans ta caisse pour ne pas me voir sourire et pleurer.
Ce fut mon premier vrai « je t’aime ». D’autres ont suivi et aujourd’hui, tu n’as plus peur de me le dire… Même si je ne peux toujours pas te consoler, te soigner ou t’écouter, ce moment-là me donne encore aujourd’hui, l’espoir d’y arriver.