Garde espoir

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Je voulais t’écrire toi, parent qui te démène pour ton enfant. Cela fait maintenant un mois que l’école est commencée. Pas toujours facile ce changement dans la vie de ton enfant, je le sais, je te comprends. C’est sûrement difficile parfois quand on a cette sensation de nager à contre-courant. Que malgré tout ce que les gens disent, de prendre soin de toi, de penser à toi dans tout ça. Tu voudrais bien, mais tu n’y arrives tout simplement pas. Non pas que tu ne veuilles pas, mais que les rendez-vous et les nombreux appels, fax, mails que tu dois faire te prennent beaucoup trop de temps. Et ça, c’est sans compter les heures incalculables où tu géreras des crises, où ton enfant ne dormira pas. Où, tout simplement, il prendra de ton temps. Car de ton temps, il en a tellement besoin.

Tu sais, je te comprends, pas très loin derrière cet écran. Dans ta rage, dans ta tristesse, dans ton épuisement, je te comprends. Dans ton amour pour cette petite boule d’énergie, dans ton dévouement envers ta progéniture, dans ton raisonnement de parent soldat, je te comprends.

Dans ta faiblesse de parfois pleurer dans un coin, en te cachant de ton enfant, je sais que tu as une petite pointe de honte. Quand tu trouveras que tout est difficile, je sais que tu penseras que tu es un piètre parent et que tu ne te sentiras pas à la hauteur de ces défis de la vie, de ta vie, de sa vie. Quand tu prendras une douche le soir et que tu entendras un bruit, tu sauras que ta nuit sera pénible avec cet enfant qui ne dormira pas. Que cette boule dans ta gorge que tu t’efforces de rentrer est à la veille d’exploser.

Je sais que la rentrée scolaire n’est pas facile. Que ces changements seront à refaire chaque année. Que tu devras te battre pour que ton enfant soit reconnu et respecté dans ses limites et dans ses épreuves. Qu’à chaque nouvel intervenant qui ne connait pas ton enfant, tu devras te battre pour des services qui n’arriveront pas maintenant.

Je sais que parfois, tu voudrais le remettre dans ton ventre, quand tous les diagnostics n’étaient pas encore prononcés. Quand tu lui parlais doucement avec plein de rêves dans la tête. Je sais que ces rêves ne sont pas loin et que tu finiras par les accomplir différemment de ce que tu avais pensé.

Je sais, je comprends.

Et je sais que malgré tout, tu continueras. Que ton accalmie avant Noël te fera du bien pour affronter le retour en classe de janvier. Que le manque de luminosité t’affectera comme il ne t’a jamais affecté, je sais.

Mais tu sais, ce soir couchée dans mon lit avec mon coco à mes côtés,  je peux te dire qu’il y a de l’évolution. Qu’un jour ton enfant fera quelque chose que tu avais déjà endeuillé. Comme si le diagnostic avait effacé plusieurs de ses capacités. Je peux te jurer qu’un soir, couché dans ton lit avec ton coco ou ta cocotte à tes côtés, tu te souviendras de ce que je t’écris ici, à toi.

Un jour, la dureté de ton quotidien deviendra meilleur. La facilité de tes capacités s’accentuera. Ton enfant te surprendra, crois en lui, crois en toi. Crois en vous. Car avec ce lien si spécial, il ne peut y avoir que de l’amour et avec cet amour vient l’espoir. Garde espoir, un jour, on s’en reparlera.

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Je suis maman d'un merveilleux garçon qui a un TDAH et un TSA sans déficience intellectuelle. J'ai toujours été sensible à la maladie et aux troubles mentaux, je suis d'ailleurs préposée aux bénéficiaires. Mon fils réussit à faire ressortir le meilleur de moi-même. Le but de mes textes est d'évacuer mais surtout de conscientiser le monde à la différence et aux troubles mentaux ainsi qu'à leurs aspects dans la vie de tous les jours. J'espère vous toucher par mes écrits autant que moi je suis touchée en les écrivant.