Faire le vide autour de soi

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J’imagine que vous avez remarqué que lorsque nous devenons parents, la vie sociale est plus difficile. On a moins de temps pour les amis et la famille élargie. Sans parler des sorties de couples qui se font plus rares. Parfois, c’est le budget qui ne nous le permet pas, souvent c’est le manque de temps et d’énergie. Je réalise maintenant que c’est encore plus vrai avec un enfant différent. Malheureusement, depuis le diagnostic d’autisme de notre fils, j’ai l’impression que, sans le vouloir, nous sommes en train de faire le vide autour de nous, et ce bien malgré nous.

Lorsque le diagnostic est tombé, plusieurs personnes nous ont téléphoné ou écrit pour nous dire qu’ils étaient désolés d’apprendre la différence de notre enfant et qu’ils seraient là pour nous. Ils ont insisté pour qu’on leur fasse signe au moindre besoin. Ces paroles, ces promesses, étaient comme un baume sur mon cœur de maman brisé. Puis, les semaines ont passé et tranquillement, les appels et les courriels ont diminué… normal vous me direz, les gens ont leur propre vie. C’est bien vrai, tout le monde a son lot de problèmes et de difficultés. La terre ne va pas arrêter de tourner parce que je viens d’apprendre que mon fils est autiste! Mon monde à moi s’est effondré, mais pas le tien. Ça je l’ai bien compris. Il y a aussi plusieurs personnes qui, à l’annonce du diagnostic de notre garçon, sont devenues muettes.  Je pense qu’ils se sentaient probablement mal à l’aise ou ne savaient pas quoi nous dire. Je comprends ça. Mais ce qui me fait mal, c’est qu’encore aujourd’hui, lorsque je les croise, pas un mot sur la différence de mon fils et ce, même si moi j’aborde le sujet. Ça c’est douloureux pour moi, faire comme si de rien n’était. Comme s’il n’y avait aucun problème! Non, je t’affirme qu’il y a bel et bien un problème avec mon petit et que c’est souvent difficile et douloureux.

Alors, les mois ont passé… les appels et les courriels ont presque complètement disparu. Les invitations sont pratiquement inexistantes, et le pire c’est que nos invitations sont plus souvent qu’autrement refusées. Bref, la vie sociale… un gros zéro! Je ne sais pas si c’est à cause de l’autisme de mon fils ou parce que mes trois garçons déplacent de l’air et que ce n’est pas toujours reposant être en compagnie de ces trois petites tornades ou simplement le hasard des choses qui fait que nous n’avons plus de vie sociale. Mais je sais une chose, c’est que je n’ai plus d’attentes. Ceux qui veulent faire partie de notre vie, le feront. Et pour les autres, je ne mettrai plus d’efforts à essayer de les convaincre que c’est le fun de faire partie de notre vie et que ma petite famille est chouette! Parce que je le sais, ma petite famille, malgré la différence, est tout simplement merveilleuse et je l’aime comme ça. Je ne la changerais pour rien au monde.

Donc, faire le vide autour de soi, peu importe la raison du pourquoi, ce n’est peut-être pas une mauvaise chose finalement! Ça nous permet d’investir notre énergie et notre temps aux bons endroits, entourés de gens qui veulent être auprès de nous et partager notre vie.

 

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Mère de 4 enfants, Christine a toujours su qu’elle réaliserait un jour son plus grand rêve, celui de devenir maman. Ayant travaillé plusieurs années auprès d’enfants autistes, elle croyait bien maîtriser toutes les facettes de la différence, mais lorsque son deuxième fils est né autiste, à sa grande surprise, elle réalisa qu’au fond, elle ne savait pas grand-chose sur le sujet! Son premier fils vit avec un trouble de l'information sensorielle ainsi qu'avec un trouble anxieux, son troisième fils, qu'à tant lui, vit avec une dyspraxie verbale. Le quotidien de cette famille différente est loin d'être ordinaire! Christine est aujourd'hui représentante pour des outils sensoriels et des jeux éducatifs chez Équipement de bureau Robert Légaré. Elle vous partagera ici, ses bons et moins bons moments, ainsi que ses coups de cœur en espérant sensibiliser, informer et toucher les lecteurs sur l'autisme et tout ce qui l'entoure.