Je me souviens du livre de Julie Philippon « Les réseaux sociaux m’ont sauvée ». Cela m’avait émue car moi aussi, à une période de ma vie, lire, écrire et être lue sur Facebook m’a sauvée… Mais ce fut comme une vague qui m’aurait appris à nager pour mieux me noyer…
Car autant je me suis reconnue dans toutes ces mamans, autant j’ai voulu aider toutes ces mamans… Passionnée et entière, je me suis donnée corps et âme aux autres. J’ai parlé sans tabou, j’ai créé un groupe de soutien, j’ai passé des nuits à remonter le moral, expliquer la différence, écouter des histoires de vie… Je me sentais utile, voire indispensable car les mamans avaient besoin de moi autant que j’avais besoin d’exister à travers elle. Mais si je n’ai jamais été normale dans la vie réelle, je n’étais pas dans la norme non plus au pays de la différence.
Je fais partie des sans diag comme on dit… Ni pour moi qui n’en ai pas l’énergie ni pour mon fils qui ne cadre avec aucune étiquette établie et rend perplexe la plupart des psys. Et même au pays de la différence, on n’accepte pas les « hors-cadres ». La valse des justifications, des attaques, des incompréhensions a commencé et l’on m’a dit ce que j’avais le droit de dire, ne pas dire, comment le dire, jusqu’au harcèlement, jusqu’à l’étouffement. Je perdais mon énergie dans des combats intellectuels, des guerres de chapelle entre les « vrais » autistes » et les « chanceux », entre les diags et les non-diags, entre les mamans qui acceptent et celles qui refusent le handicap. Et j’ai craqué.
Je suis partie des groupes. J’ai fermé ma page… Je ne veux plus supporter la charge que cela représente de défendre sa vie face à ceux qui ne la vivent pas. Il est temps pour moi de vivre avec moi-même et ma famille sans me justifier. Je continuerai d’écrire car c’est ma passion et ce blogue est une formidable vitrine de la différence, mais je laisse tomber tout le reste pour me consacrer à ce qui compte le plus : mon fils. Car si les réseaux sociaux m’ont sauvée, ils ont aussi bien failli me tuer…