Et les papas dans tout ça?

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On parle souvent, pour ne pas dire tout le temps, des mamans confrontées aux diagnostics de nos enfants. Mais les papas dans tout ça? À vous, les grands oubliés, mais surtout incompris, cet article est pour vous.

Ce jour-là, lorsqu’on nous a annoncé ce qui s’avérait être le pire pour nos cœurs de parents, vous étiez là, à nos côtés, et pourtant vos réactions…

Remontons à la source tout de même, la fracture commence avant le diagnostic. Le handicap, notamment invisible fait très peur. Vous avez bien vu que vos enfants évoluaient de manière différentes, et à ce moment-là, votre déni a commencé. Non pas que vous l’ayez voulu, mais pour vous protéger. Vous protéger de? Et bien la société vous a placé sur un piédestal de « sexe fort »…

Pourquoi jouer au dur comme ça? Pourquoi? On a besoin de vous, là tout près et non pas en retrait, tels des spectateurs.

Après vous avoir écoutés pour certains, d’ailleurs à ceux-là un grand merci de vous être confiés à moi, après vous avoir observés avec vos enfants. Après avoir surtout écouté toutes ces femmes pleurer et me demander, pourquoi? J’ai suffisamment de cartes en main pour faire la lumière ce sur mystère.

Revenons donc au diagnostic, car c’est là que le pire se produit. Le pire oui. Le diagnostic tombe, tel un verdict. Nous sommes tous deux là, impuissants face à cette personne dans cet blouse blanche qui tient un gros dossier bleu PSYCHIATRIE – NOM ET PRENOM DE VOTRE ENFANT. Donc, déjà de voir écrit noir sur blanc le mot psychiatrie, vient le premier uppercut de la longue lignée. Car pour vous, cette conversation est un vrai match de boxe où vous savez que vous êtes en train de perdre. Vous encaissez néanmoins, par fierté. Ce qui se passe dans vos têtes : « N’importe quoi, mon enfant va très bien, n’importe quoi ». Voilà les œillères sont en place et vont rester là un bon moment.

Les pleurs maternels laissent place à la guerrière naissante. Mais les hommes? On ne voit, on ne ressent rien. Ah si, pour beaucoup, vous affronterez cela en rejetant tout sur votre passage. Il faut vous laisser une place partout, mais là face à cela, c’est « la faute à maman »?

Pour certains, la fuite sera une obligation. Mais la fuite ne résout aucunement les problèmes et vous le savez. Il y a quelques petites facultés dont vous n’êtes pas dotés, la capacité d’extériorisation et la communication notamment. En fait, ce qui se passe dans votre tête, est très simple : on vient d’anéantir tous les projets que vous aviez pour ce petit bout qui est le fruit de votre amour. Alors que pour les mamans : qu’importe les montagnes, les projets seront peut-être modifiés, on va revoir nos ambitions, mais non, rien n’est anéanti. Un deuil pour les premiers, une chance pour les secondes. Pourquoi ces hommes fuient-ils? Un papa me l’a avoué : « Je ne suis pas prêt, je n’y arrive pas, je n’ai pas la force de mon ex. Vous, les femmes, vous êtes exceptionnelles, moi je ne suis qu’une merde. Je pense à lui tous les jours, j’aimerais passer par-dessus, mais je n’y arrive pas. Il va me falloir encore du temps, je pense. »

Les autres restent. En retrait. À la fois présents physiquement, mais absents. Juste pour être les piliers. Ce n’est pas leur faute s’ils ne s’expriment pas. Ce n’est pas leur faute s’ils agissent mal. La vérité est qu’ils ne savent pas comment faire! Finalement, c’est nous mesdames qui les avons écartés, souvent sans le vouloir, de cette vie extraordinaire. Alors ils se protègent, encore une fois.

Oui, vous avez très bien lu, ils ne savent pas comment faire. Vous vous êtes relevées et vous êtes devenues de nouvelles femmes. Plus combatives, plus féroces, plus fortes. Vous avez décidé de tout affronter à bras le corps et partir en campagne. Et vous faites tellement bien les choses que la vérité, c’est qu’ils vous regardent faire, de bien plus près que vous ne le pensez. Ils sont là, tout près, ils vous admirent, non pas sans fierté. Vous êtes d’ailleurs leur moteur, leur essence. En général, vous êtes aussi le centre de leurs conversations avec les autres. Ils admirent aussi les progrès de leur rejeton et parfois, cela passe inaperçu, mais ils vous félicitent pour tout ce que vous accomplissez d’une main de maître.

Alors mesdames, essayez d’être patientes avec ces papas crocos. Ils mettront du temps à démarrer, du temps pour assumer et assurer, mais laissez-leur ce temps. Ne les forcez pas, si leur souhait n’est que de vous admirer. Vous verrez, au fil des mois, ces papas deviendront aussi redoutables que vous, mais laissez-leur du temps. Ne les étouffez pas, ne les accablez pas par vos reproches. Ils travaillent encore plus, oui, mais pour offrir de meilleurs soins à votre enfant. Car pour ça, on ne peut compter que sur nous. Alors vous êtes aveugles, je le suis aussi, car je ne réalise que maintenant que mon homme fait sa part du job, à la différence que lui, c’est à la sueur de son front.

Chers papas différents sortez de votre zone de confort, sortez de l’ombre.

Mention spéciale pour mon mari, que je ne comprends que depuis peu de temps…

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Ophélie, alias la mère bleue, maman de 3 enfants différents. Ici, on jongle avec l'autisme, le haut potentiel intellectuel et le trouble de l'attention. Chez nous, pas de place à l'ennui. Une vie riche, mouvementée et j'adore. Je suis aussi présidente-fondatrice de l'association "Les yeux bleus". J'aime bouger, faire bouger. Ma passion? L'écriture et la différence est le plus beau des sujets.