Entre deux chaises

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Je l’avoue, ça fait déjà un moment que ça me travaille. Que je songe à cette étape qui approche un peu trop rapidement. Le secondaire. Déjà, j’ai un grand qui est rendu là depuis 2 ans. La marche fut haute pour mon ado TDAH légèrement beaucoup anxieux, alors que plusieurs autres bouleversements se produisaient au même moment. Résultat : lui qui était en Secondaire 1 Appui, redouble en ce moment, refaisant son secondaire 1, mais cette fois au régulier.

Mais voilà que Fiston est en 5ième année. Que nous avons eu un PI (Plan d’Intervention) hier et qu’il s’est avéré que l’équipe école est tout aussi embêtée que moi en ce qui le concerne. Car Fiston, avec son SGT, entre dans un profil particulier. Il arrivait jusqu’à présent à réussir au régulier alors que les  ajustements d’horaire étaient encore faisables, mais ils se font de plus en plus difficiles. Il n’a donc pas un profil pour les classes en adaptation. Il n’a pas non plus à proprement parler de troubles de comportement. Oui, il a une hausse d’opposition en ce moment avec des perturbations plus présentes et plus prolongées. Peut-être ai-je tort, mais j’ai fait un lien entre ces pointes et le fait qu’il y ait moins de soleil et moins de possibilités d’aller dehors. Est-ce que ce pourrait être un genre de surcharge sensorielle? Car c’est pas mal toujours dans la même période de l’année que cela se produit : entre la fin novembre et la fin février.

Par contre, est-ce que le secondaire en classe régulière pourrait fonctionner? Pour mon coco relativement immature, sans véritable notion du temps, pas mal désorganisé, je m’interroge sérieusement à ce sujet depuis déjà longtemps. Ce n’était donc pas une réflexion nouvelle qui m’a été apportée durant ce PI, mais ce fut malgré tout une gifle de voir que je ne suis pas seule à faire ces constats.

Où donc sera sa place?

Car la commission scolaire ici n’offre pas de ces classes de soutien-émotif, ces classes phénix, dont j’entends souvent parler et qui sont apparemment grandement bénéfiques. Et pour l’instant, l’idée d’un transport de 45 à 60 minutes matin et soir, dans des conditions climatiques pas toujours géniales, n’a rien pour m’enchanter.

Et ses amis? Ce cercle social qu’il a finalement réussi à se créer. Qu’en adviendra-t-il?

De me retrouver à nouveau devant un autre inconnu, puisque les questions de pédopsy ne sont toujours pas réglées, me semble ajouter des étages à cet escalier qui me paraissait déjà sans fin. J’ai la tête lourde et douloureuse de toutes les images, toutes les questions, tous les scénarios qui tournent en boucle sans avoir de fin. De ses larmes de douleur, de tristesse, de peur, de crainte, de rage qui semblent ne jamais vouloir se tarir. J’appréhende…

Je l’avoue, j’ai l’anxiété accoté dans le tapis, comme on dit. Je sens ma santé mentale valser sur une mer déchaînée, sans bouée de sauvetage pour se raccrocher. Moi qui essaie toujours de palier à toutes éventualités, je me retrouve devant le néant. Devant une mer sombre et agitée dont je ne vois pas l’ombre de rivage.

Et pendant ce temps, je vois les annonces de « solutions » lancées par ces ministres. Ce n’est rien de nouveau. Il me semble qu’ils en lancent depuis des années et pourtant, je ne vois rien de concret dans ma réalité. J’ai l’impression d’être déconnectée, sur une autre planète. Et le prochain qui osera me lancer un « ben t’es chanceuse, il n’est pas autiste », je l’assomme avec ce que j’ai à portée de main. Parce que oui, j’y ai eu droit récemment et j’ai rongé mon frein, je n’ai rien dit. Je me suis mise à OFF, comme je fais quand Fiston est en crise. Mon corps était là, mais tout le reste n’y était plus.

Nous voilà entre ces deux chaises, ces réalités qui ne nous rejoignent pas. Avec Fiston qui ne cadre pas, qui ne cote pas, qui ne fite pas…

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Éducatrice à la petite enfance depuis une vingtaine d’année, adepte de l’entrainement en force pour ne pas perdre complètement la tête, Nancy Ringuet, très possiblement TDAH, est maman de deux garçons à diagnostics : un grand TDA sévère et un plus jeune SGT, TDAH impulsivité mixte et TOP. C’est un long combat qui aura mené aux diagnostics du plus jeune, et un long combat qui s’engage pour faire reconnaître ses besoins. Passionnée de recherches et assoiffée d’en apprendre plus, elle fouille le net sous toutes ses coutures. Elle partagera ici des textes et réflexions sur ce vécu différent de mère chef de famille, avec un conjoint dont le travail l’amène à être absent.