Je dois prendre mon envol

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C’est une belle journée d’été qui commence et le train-train qui va avec. La journée se déroule ordinairement, ce qui est paradoxal chez les familles extraordinaires.

Dans l’après-midi, les choses commencent à se corser. Je commençais à me dire que c’était vraiment étrange que cette journée se passe sans petit « couac ». Mais bon, malgré le fait que ma respiration est courte, nous vaquons à nos occupations. La journée se termine, difficilement. Le souffle est de plus en plus court, les oreilles sifflent à vive voix, une sensation assez étrange. Alors un médecin intervient, s’en suivra une hospitalisation brève, mais intense, avec des traitements assez corsés. Je ne veux pas de plaintes ou de doléances. Les seules personnes qui seront au courant de ce qui m’arrive ne se compteront que sur les doigts d’une main, trois pour donner un chiffre, mon mari entrant dans ce chiffre. C’est pour vous dire que je ne tenais vraiment pas à affoler la terre entière même si, au fond je le savais, c’était grave. Suffisamment grave pour que sans intervention, je ne sois plus de ce monde. Ça en aurait arrangé beaucoup, mais désolée, le poste d’ange-gardien attendra. Bref…

Les heures passent.

Je suis enfin sortie d’affaire, mais je dois rester en observation. Soit. Je monte en chambre, une vraie avec un peu de confort. Je peux enfin voir les miens et surtout, je retrouve un homme aux traits tirés et qui pour une fois, ne porte aucun masque. Je peux donc lire l’inquiétude s’envoler en me voyant. Les enfants? Grand Dieu, on ne leur a rien dit, enfin si : petit contrôle pour le bébé. Car oui ici, on ne vous l’avait pas dit mais… La mère bleue attend un heureux évènement. M’enfin. Je continue de ne rien vouloir dire, mais toute ma famille a été mise au courant, alors je les appelle un par un, péniblement, non pas que ce soit difficile, mais je suis terriblement fatiguée et j’ai dû faire comme si de rien n’était quand les enfants sont venus me rendre visite. J’appelle, j’enchaîne. Je m’endors. On me réveille pour des examens, puis le repas. Et là… Les hôpitaux, ce n’est pas le resto, c’est bien connu, mais vu la tête du plateau, je fais une photo et la publie sur les réseaux. Malheur. Je n’aurais pas dû car du coup, mes amis devinent que je suis à l’hôpital et donc me demande ce qui s’est passé. Je leur réponds, tout en évitant d’être alarmiste, sans entrer dans les détails et tout en insistant que tout roule!! Bref, pas de plaintes ou de doléances ou recherche de je ne sais quoi, juste un plateau dégueu. Je prends quand même soin de remercier les personnes qui me disent penser à moi. DIABLE qu’ai-je fais là? Je m’attire tout à coup les foudres : « besoin de me mettre en lumière » « relater en public ta vie privée » « pour te faire plaindre » « je te reconnais de moins en moins et je le regrette » « des personnes souffrent, mais ne s’affichent pas ». Je suis blogueuse (toute petite, pas influente du tout, ni même intéressante), alors c’est un tort sûrement de partager avec ses amis un plateau repas dégueulasse, déformation professionnelle. Ces mots m’ont fait mal, très mal. Car finalement, je me suis rendue compte à ce moment-là que, vraiment, à chaque fois, on trouvera toujours comment me mettre en position de bouc émissaire et me rendre malade. Que même si j’ai failli y passer, on cherchera à me faire du mal à peine rétablie.

Je me suis souvent dénigrée face à mes frères et sœurs, car à côté d’eux, je le sais, je ne suis pas à la hauteur, je suis un peu le Caliméro de la fratrie, enfin plutôt le vilain petit canard, celui qui est différent, qui ne rentre pas dans les clous, mais sur qui on apprécie se défouler ou enfoncer. Celle à qui on démontre en permanence qu’elle est nulle et en-dessous des autres sur à peu près tout. Alors aujourd’hui, je ressens l’envie de m’élever et de dire que je suis comme je suis.

Si j’ai envie de m’exposer, c’est mon problème et on n’a rien à me dire. Si ça ne va pas, ce n’est pas une raison pour s’acharner sur moi. Mais aussi, je ne serai plus faible et maintenant, je fais ma vie comme elle me convient en ne me souciant plus que de ma famille, mes enfants et mon mari. Si je ne vais pas à l’encontre de mon mari c’est tout ce qui va me convenir. Je tiens aussi à souligner qu’encore une fois, pas à un seul moment, je ne me suis concentrée sur moi. Que ces mots résonnent et n’aident pas. Mais je suppose que c’était l’effet souhaité.

Je conclus sur le fait que, oui, il y a toujours pire, c’est une évidence, et là-dessus, j’en ai pleinement conscience du fait de mon statut de présidente d’association. Il y a largement pire quand je regarde dans mon entourage. Je vais penser à Géraldine par exemple, ou encore Jessica, mais encore Xavier et Elodie… Des noms qui, comme ça, ne vous disent rien, mais si je vous dis, Tom, Léa, Cassandra là vous me comprenez car ce sont des exemples plus que concrets de ce qui est le pire, des enfants gravement malades qui luttent et des enfants qui partent trop tôt à cause de la maladie. C’est ça pour moi le pire. Alors penser que je n’en ai pas conscience revient à dire qu’on ne me connait pas.

Je finirai avec une petite moralité pour tous. Sur les réseaux sociaux, il existe les boutons « Quitter la page » afin de ne plus suivre mon blog et le bouton « Retirer de la liste d’amis », alors pensez à les utiliser plutôt que de faire du mal. Ne pas se suivre sur les réseaux ne signifient pas que l’on ne s’aime pas, surtout au sein d’une famille. Mais si les contenus ne plaisent pas, c’est la manière la plus simple pour ne pas être « soûlé ».

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Ophélie, alias la mère bleue, maman de 3 enfants différents. Ici, on jongle avec l'autisme, le haut potentiel intellectuel et le trouble de l'attention. Chez nous, pas de place à l'ennui. Une vie riche, mouvementée et j'adore. Je suis aussi présidente-fondatrice de l'association "Les yeux bleus". J'aime bouger, faire bouger. Ma passion? L'écriture et la différence est le plus beau des sujets.