J’ai mal à mon coeur de maman

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Mon fils est à son rendez-vous avec l’ergothérapeute.  Je suis seule dans la salle d’attente et j’ai mal à mon cœur de maman.  Des larmes coulent doucement sur mes joues.  Il n’avait pas le goût de venir (heureusement, il participe toujours bien quand même), car c’est exigeant pour lui.  C’est le troisième de quatre rendez-vous pour une réévaluation.  Il sait que c’est pour l’aider, pour avoir plus d’aide à l’école.  Il connaît bien l’ergothérapeute, elle l’aide depuis qu’il a 4 ans, donc depuis plus de 4 ans.  J’ai essayé de lui expliquer que peut-être un jour, il pourrait aller dans une classe avec moins d’élèves, une classe qui répondrait à ses besoins (c’est mon rêve et je sais au plus profond de mon cœur de maman que ce serait mieux pour lui).  Tout de suite, il m’a répondu : « Mais maman, je n’aurai pas beaucoup d’amis. Dans ma classe l’an passé, il y avait beaucoup d’élèves et j’avais seulement trois ou quatre amis.  S’il y a seulement dix élèves, je n’aurai pas d’amis. »

Je lui ai répondu que ça ne voulait rien dire, que dans cette classe, il y aurait des enfants sensibles comme lui, donc ce serait plus facile de se faire des amis.  Malheureusement, je sais que je ne l’ai pas convaincu!

À cela, s’ajoute sa question d’avant le départ de la maison : « Maman, il y a combien de jours dans un mois? »  J’étais un peu surprise par sa question.  Mon fils n’a habituellement aucun intérêt pour ce qui est lié à la notion de temps.  Il a 8 ans et demi et malgré le fait qu’il vient de terminer et réussir sa deuxième année, il ne connaît pas les jours de la semaine, les mois de l’année…. ça n’a aucun intérêt pour lui!  Je réponds donc 30 ou 31 jours selon le mois.  Il a peu de réaction (comme si ça n’avait pas vraiment de signification pour lui) et enchaîne en demandant : « C’est combien de semaines ça? » « C’est quatre semaines. » Il me répond : « Wo, ça ce n’est pas beaucoup! Pourquoi les vacances passent trop vite (avec des larmes dans les yeux)? » J’ai appris quelques minutes plus tard qu’un ami lui avait dit qu’il restait un mois avant l’école!  (moi qui faisais très attention, depuis le début de l’été, de ne pas parler du retour à l’école.) « Arrête de penser à ça et profite de l’été, du moment présent! »

Et si vous aviez vu sa réaction lorsqu’il a regardé la Boîte à lunch avec sa petite soeur.  Dans l’émission, on voit une petite fille très contente de partir pour l’école.  Il ne comprenait pas qu’on puisse être content d’aller à l’école, pour lui c’est inconcevable!

Vous pouvez voir là-dedans de l’anxiété, mais moi je perçois un garçon conscient de ses limites, conscient qu’il ne se sent pas bien à l’école, que l’école, c’est trop pour lui et que ce n’est pas sa place!

Et il a toutes les raisons de ne pas aimer l’école, il a reçu en juin son diagnostic de dyslexie/dysorthographie. J’ai appris à la fin de la rencontre en ergo, qu’il obtiendra un diagnostic de dyspraxie (enfin et je suis soulagée!) et il vient d’être accepté au Centre Régional de Réadaptation  en déficience auditive…   Dites-moi ce qu’il fait dans une classe régulière?

La seule chose que je peux faire en plus de lui fournir de l’aide (ergothérapie, orthophonie et audiologie… au privé), c’est d’être présente pour lui et de lui donner congé d’école lorsqu’il n’est plus capable de fonctionner.  C’est peu, mais ça fait toute la différence dans sa vie. Mais moi j’ai mal pour lui, mal d’un système qui ne répond pas aux besoins des enfants différents, mal d’une société qui fonctionne avec des balises auxquelles il ne répond pas. Mon fils, malgré toutes ses difficultés, a le potentiel de réussir, mais pas dans une classe régulière et après, on se demande pourquoi on a autant de décrocheurs!

J’ai mal à mon cœur de maman, mais je vais profiter de l’été pour lui faire vivre des expériences positives!  Je viens de lui trouver des cours de kayak!  C’était sa demande!  J’ai choisi une leçon privée, juste pour lui et le but, vivre une expérience positive!*

*Ce texte a été écrit le 27 juillet 2015.  Aujourd’hui, le 14 mai 2016 nous sommes toujours en attente d’une réponse pour une classe de langage!!!

 

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Maman de quatre enfants, qui par leur grande sensibilité, l’ont amenée à remettre en question tout ce qui semble acquis ou naturel pour la plupart des gens. Elle se dévoue pour que ses enfants restent connectés à cette essence profonde qui leur est propre. Deux de ses enfants ont reçu un diagnostic de dyslexie/dysorthographie. Pour l’un d’eux, s’ajoutent une dyspraxie verbale, un trouble de la coordination motrice et un profil mixte d’hypersensibilité et d’hyposensibilité. Enseignante au primaire depuis 2002, elle travaille maintenant exclusivement avec les enfants en difficulté d’apprentissage.