Congé forcé

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Aujourd’hui, je suis en congé forcé. J’avais commencé ma journée normalement en préparant mes trois tempêtes. Je suis partie travailler après avoir effectué ma « run de lait » (Tsunami à la garderie et Ouragan et Tornade à l’école). J’ai commencé mon « Beach Party » avec mes cocos au CPE. Puis là… le téléphone a sonné. L’ÉCOLE… Petit moment de panique, je réponds. Tornade a mal aux oreilles. Je serre les dents. Je vais trouver une solution. Je jongle, je fais plusieurs appels, je trouve une solution temporaire. Bref, je suis une super maman. Finalement, je parviens à me faire remplacer de justesse. Je quitte mon travail.

Jusque là, c’est simple, non? Je vais vous avouer un truc. Je vais vous dire la vérité qui a habité ma pensée tout le long de mon trajet. J’ai souhaité que ce soit vrai. J’ai espéré arriver à l’école et que mon coco soit en larmes en se tenant les oreilles à pleines mains. Pourquoi? À cause du nombre de fois où j’ai dû venir chercher Tornade pour un bobo qui avait subitement guéri une fois à la maison. À cause du nombre de fois où j’ai dû expliquer à Tornade que je le sais qu’il croit sincèrement qu’il a mal, car il a vraiment mal… mais que ce n’est pas vraiment son corps. Il a un TDAH avec un trouble anxieux. Hier, nous avons eu une grosse soirée d’impulsivité X 1000 et d’insolence. Il avait le rhume. Il avait eu du sirop, c’était pire qu’habituellement. C’est une grosse semaine pour moi au travail. Il a le système nerveux en panique parce que sa routine de vie est changée temporairement. Il a le corps qui combat son microbe. Là, il « a » mal aux oreilles et il veut sa maman pour lui seul. Il veut sa sécurité. Il vit sa douleur vraie ou pas. Si un enfant a mal, ce n’est pas à l’école de gérer le vrai du faux. Les professeurs, les éducatrices sont là pour enseigner. Ce ne sont pas des docteurs, ils n’ont aucun moyen de soulager la douleur de Tornade. Je suis donc en route sans savoir ce qui m’attend.

Je suis arrivée à l’école et j’ai vu Tornade. Il n’avait pas les mains sur les oreilles. Il n’avait pas de larmes. Il me regardait en silence. J’ai dit : « on s’en va à la maison ». Pas de sourire compatissant. Pas de gros câlin de réconfort. J’ai pris son sac sur mon épaule et on est rentré à la maison. Là, il est couché sur le sofa à écouter mes doigts courir sur le clavier. Ibuprofène et ouate de Vicks dans l’oreille avec compresse chaude. Ce n’est pas mon premier rodéo. Des otites, il en a fait souvent. Plus le nombre de fois où il n’avait rien non plus. J’espère qu’il va faire de la fièvre ou encore que je vais voir un symptôme flagrant qu’il a vraiment mal aux oreilles. J’aimerais faire taire le petit doute dans ma tête, mais tout ce que je peux faire, c’est d’être la maman donneuse de soin. Je trouve la ligne entre soutenir mon enfant et éviter de renforcer son comportement très difficile à trouver. Au fond, j’aimerais le serrer contre moi et le bercer pour apaiser sa douleur vraie ou pas. Je peux simplement me consoler en me disant qu’il me fait confiance parce que dans ces douleurs et dans la vie, je suis la maman qui répond toujours présente, disponible et constante.

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Maman TDAH de trois tempêtes; Tornade 11 ans (TDAH avec impulsivité et trouble anxieux), Ouragan 9 ans (TDAH) et Tsunami 6 ans (trop jeune pour un diagnostic), je suis la douce moitié de mon petit mari (TDAH). À cela s'ajoute une grande sœur au pays des nuages que nous appelons affectueusement Coccinelle. Éducatrice en pouponnière ainsi qu'anciennement auteure de livre jeunesse, je me considère comme une sage dans l'art de la patience infinie...