Case zéro

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J’ai écrit sur ma rage, sur ma peine, sur ma résilience, sur mon cheminement d’acceptation de l’autisme dans la vie de mon fils. Je croyais avoir réussi à vivre une certaine sérénité face à ses difficultés. Mais, il y a de ces jours où tous les enseignements que tu penses avoir appris et intégrés profondément dans ta tête, ton cœur  et ton corps prennent le bord. Toutes tes certitudes et ta zénitude s’effondrent sous une épaisse couche d’angoisse. La peine réapparaît dans le décor, l’impuissance est en trame de fond et la rage gronde. Encore une fois. Comme une rechute qui te ramène à la case départ. Aujourd’hui est une journée comme cela.

Je sors de la rencontre du plan d’intervention de mon garçon. Un PI fier de ces 20 pages qui témoignent de ses difficultés à se développer comme tous les autres enfants de son âge. 20 pages qui nous mettent en pleine face le kilométrage que notre petit homme doit parcourir pour être dans la norme. Il me rappelle tous les défis que nous devons relever comme famille et comme  parents. Ce plan d’intervention me pèse, car il est la matérialisation physique de toutes mes inquiétudes et questionnements.

Pourquoi ces défis sont tombés sur mon petit garçon? Il n’y a pas de bonne réponse. Mais, ces incessantes questions se remettent à raisonner en moi, tel un écho qui m’insulte, me rabroue. Dans ce temps, j’ai l’impression de recommencer tout ce long processus douloureux. Je me sens aspirée dans un tourbillon. Encore. Comme si c’était hier que j’apprenais le diagnostic. Vais- je en sortir?

Et savez-vous qui me ramène à la surface à tous les coups? Mon petit bonhomme. Sa joie de vivre et sa force adoucissent ma rage et mon incompréhension. J’arrive presque à oublier  le papier, le plan, le diagnostic et nous nous remettons à vivre au fil du temps et surtout, à faire de notre mieux. Parce que dans le fond, c’est ce dont je dois me souvenir : faire de mon mieux, malgré tout.

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Enseignante au primaire depuis 11 ans, j’ai la chance d’être maman de deux beaux enfants. Ma grande fille de 8 ans a reçu un diagnostic de TDAH à l’âge de quatre ans. Avec sa folie et son énergie, elle nous fait vivre des montagnes russes d’émotions. Mon garçon de 4 ans a un TSA. Malgré cette différence, il charme tout son entourage. En équipe avec mon mari, j’arrive maintenant à vivre pleinement la vie un jour à la fois, et ce, au travers les hauts et les bas du quotidien. Écrire me permet maintenant de partager mon expérience de vie, mes questionnements, mes doutes mais aussi tout mon amour pour les enfants.