Réforme, où es-tu?

0
457

Je l’avoue, malgré les victoires que nous vivons ici, malgré le répit que nous avons en quelque sorte, je vis avec un sentiment de tristesse. Je me sens blasée, désabusée par un système qui crie haut et fort vouloir nous aider sans qu’on en voit de traces.

Autour de moi, je vois trop d’histoires d’horreur circuler. Il y a Mélissa, dont le fiston est autiste, totalement non-verbal, à qui on a coupé le service ICI qui fonctionnait bien pour son enfant et qui reçoit des mises en demeure parce qu’elle se plaint trop de ces coupures. Il y a la belle Véronique qui se bat depuis des mois pour que son ado soit scolarisé, mais qui se voit confronter à une fermeture totale du milieu scolaire pour activement mettre en place les moyens qui fonctionnaient auparavant très bien dans l’école précédente. Il y a Maude qui voudrait qu’on prenne le temps d’aider son fiston dysphasique et TDA, mais qui se fait répondre que l’école ne voit pas le problème. Il y a Fanny qui voudrait juste qu’on donne les services appropriés à son grand garçon pour éviter qu’il ne se mette en danger encore une fois en fuguant. Il y a…

Il y en a tant et tant  encore… Et pendant ce temps, notre Gouverne… ment qui n’arrête pas de dire qu’il met tous les services en place pour aider les familles, tant au niveau de la santé qu’en éducation… Alors pourquoi tant d’entre nous, parents d’enfants différents, sommes-nous encore à nous battre sur la place publique pour finir par avoir le minimum du minimum, quand on l’obtient? Dans ma tête, j’entends invariablement « Gouverne et ment »… Vous ne trouvez pas que ça sonne bien? J’ai tellement l’impression que c’est exactement ce qui se passe. On gouverne et on nous ment…

« Mais il y en a des bons! », s’exclameront certains. Et vous savez quoi? J’y ai cru moi aussi. Mais avec le temps, j’en suis venue à croire que ces bons qui se sont lancés en politique pour les bonnes raisons, avec un désir réel d’aider ceux qui en ont besoin et de faire en sorte de réformer un système dépassé, se sont retrouvés corrompus par cette machine qui tourne au gré du vent des votes, où tous semblent soudain se mettre à l’avant pour défendre les miséreux tout en remplissant leur propre compte en banque…

Je croirai en un véritable désir d’aider quand les élus, au lieu de se voter des hausses de salaires et des primes de départ, qu’ils soient députés, ministres ou premier ministre, voteront au contraire pour une austérité dans leurs propres comptes de dépenses. Quand ils accepteront d’utiliser les fonds publics destinés aux primes et hausses de salaires pour réinvestir là où le besoin se fait cruellement sentir.

Nous n’avons pas besoin de plus de fonctionnaires, de plus de gratte-papier qui ne font qu’apposer une signature au bas d’un formulaire, d’une lettre déjà rédigée par quelqu’un d’autre et dont ils ne font qu’imprimer des copies. Nous avons besoin d’un ménage  de cette fonction publique. D’une réorganisation des fonds pour mettre prioritaire l’accessibilité aux soins de santé, aux ressources dans les écoles, pour du soutien aux familles de ses enfants qui ont tant à offrir, mais qui nous demandent tant d’énergie en tant que parents.

Pourquoi nous faire sentir coupable d’avoir mis au monde un enfant qui n’entre pas dans le moule homogène de la société? Pourquoi nous faire sentir coupable de réclamer du respect pour nos enfants comme pour nous? Pourquoi nous épuiser encore plus que nous pouvons l’être en mettant tant de murs sur nos routes, tant d’obstacles entre nous et l’aide?

Je suis « chanceuse » en quelque sorte, car j’ai finalement trouvé du soutien. La vie a mis sur notre chemin une pédopsychiatre dévouée, compréhensive, compétente et disponible qui n’hésite pas à nous donner rendez-vous un samedi après-midi quand rien ne semble plus aller. Qui ne part pas la minuterie quand on met les pieds dans son bureau. Qui prend le temps d’écouter, de répondre, d’expliquer, d’interagir. Nous avons trouvé une perle de compassion et de désir d’aider… Combien sommes-nous à partager cette opportunité?

PARTAGER
Article précédentDans ton temps
Article suivantLes prescriptions : Attention!
Éducatrice à la petite enfance depuis une vingtaine d’année, adepte de l’entrainement en force pour ne pas perdre complètement la tête, Nancy Ringuet, très possiblement TDAH, est maman de deux garçons à diagnostics : un grand TDA sévère et un plus jeune SGT, TDAH impulsivité mixte et TOP. C’est un long combat qui aura mené aux diagnostics du plus jeune, et un long combat qui s’engage pour faire reconnaître ses besoins. Passionnée de recherches et assoiffée d’en apprendre plus, elle fouille le net sous toutes ses coutures. Elle partagera ici des textes et réflexions sur ce vécu différent de mère chef de famille, avec un conjoint dont le travail l’amène à être absent.