Je stresse

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Maman revient du médecin. Rien d’alarmant excepté de l’anxiété qui me gruge à petit feu. Je crois que cette anxiété je l’ai toujours eue, mais je réussissais à la cacher au fond de moi. Puisque la vie t’a envoyé à moi, je dois t’en donner et malheureusement, je commence à ressentir les effets sur mon corps et ma tête.

La dépression a fait son chemin et maintenant, c’est au tour de l’anxiété. Bien sûr, tu n’es pas le seul qui me la transmet, mais j’avoue avoir de plus en plus de misère à la contenir. Car plus je la vis et plus j’ai de la difficulté à la soutenir. Ça m’effraie mon amour, mais je ne t’en parlerai pas. Car comme un secret trop lourd, je le garderai au fond de moi. J’ai peur, tellement peur. Je tremble à y penser. Car l’anxiété est comme une bouilloire prête à exploser n’importe quand. Et ma bouilloire à moi je l’ai trop faite chauffer. Elle est épuisée et prête à bouillir, mais moi je ne suis pas prête.

Oui je l’avoue, j’ai peur de perdre le contrôle de mon corps et de ma vie. Mais ce qui me fait frémir, c’est de penser qu’un jour, si la nature des choses le fait comme il se doit, tu me survivras. Et ça, je n’y avais jamais vraiment songé.

Un jour, je ne serai plus là pour toi. Je panique à penser qu’un jour tu auras à affronter tout ça, seul. Si cette confrontation était plus tôt qu’elle n’est censée, ça voudrait dire que tu devrais vivre ça sans moi. Vivre ta vie, assumer tes émotions et vivre par-dessus moi. Ça me fait mal à l’intérieur de penser que tu auras sans doute toujours besoin de moi. Car à date, le temps m’a fait comprendre que je ne peux avoir d’espoir. C’est là, en ce moment, l’instant présent que je me dois de penser.

La vie est un chemin sinueux. Dans tout ça, je me rends compte que je dois être là, je me dois. Alors si la vie fait en sorte que je tombe malade un jour, j’espère de tout cœur que quelqu’un prendra ma place auprès de toi. Mais comme ta différence m’as montré que c’est beaucoup pour plusieurs, je resterai, encore une fois, à espérer que tout ira pour le mieux. Tu sais mon amour, je n’y avais jamais pensé et je ne pouvais dire que j’y pensais, mais je peux t’assurer que je resterai à tes côtés le plus longtemps possible.

Et si la vie ose me donner un dernier espoir, un dernier souhait, j’ai le douloureux choix d’espérer vivre quelques heures de plus que toi. Pas trop longtemps, car ma vie sans toi serait trop dure à encaisser. Mais juste assez pour que tu ne sois plus là avant moi. Comme ça, je serais rassurée que tout soit pour le mieux.

En attendant, on en profite. On essaie de vivre au moment présent. Maman l’avoue que son médecin la suivra pour l’aider à surmonter cette anxiété. Mais pour l’instant, essayons, même si c’est difficile, de vivre au jour le jour. Toi, moi, ensemble. Pour la vie.

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Je suis maman d'un merveilleux garçon qui a un TDAH et un TSA sans déficience intellectuelle. J'ai toujours été sensible à la maladie et aux troubles mentaux, je suis d'ailleurs préposée aux bénéficiaires. Mon fils réussit à faire ressortir le meilleur de moi-même. Le but de mes textes est d'évacuer mais surtout de conscientiser le monde à la différence et aux troubles mentaux ainsi qu'à leurs aspects dans la vie de tous les jours. J'espère vous toucher par mes écrits autant que moi je suis touchée en les écrivant.