Trop plein

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Dans le contexte actuel où le sujet des agressions sexuelles est plus qu’au centre de l’actualité québécoise,  où les élections américaines nous remettent sous les yeux le sexisme, le racisme, la misogynie rampante de notre société bourrée de préjugés… où même le Doc Mailloux (!) et son racisme élaboré refont surface… ou Richard Martineau nous étale ses états d’âmes sur une société qui, d’après lui, veut ramollir les hommes et en faire des mauviettes… Quand les médias semblent s’unir pour frapper sur la tête de parents d’enfants à besoins particuliers au nom de la défense des enfants dit « normaux » et de leurs potentiels étouffés par la lourdeur des différences de ces autres… Eh bien, moi là, je vis un trop plein. Moi la maman de deux garçons, dont un à besoins parfois particuliers, je bouille depuis un moment. J’hésite sur le comment écrire et décrire ce sentiment de frustration et de colère qui bouillonne en moi depuis trop longtemps.

Je suis maman de deux garçons et depuis qu’ils sont bébés, la valeur première que je travaille très fort à leur inculquer est le RESPECT. Respect des autres, d’eux-mêmes, de l’environnement, du matériel, respect partout. Pour mes garçons, l’idée, le concept de forcer quelqu’un dans un acte est mal, un manque de respect. Ici, on parle de racisme, de sexisme, de préjugés… ils ont 9 et 13 ans, on y va avec des mots, situations, « imageries » qui leur sont adaptés pour expliquer. Disons que depuis trop longtemps, les médias nous donnent matière à de grandes discussions sur le sujet.

Si mes enfants de 9 et 13 ans ont réussi à saisir le concept qu’un être humain, peu importe son sexe, la couleur de sa peau, sa religion ou sa façon de se vêtir mérite, à la base, le respect, pourquoi les adultes ont-ils autant de mal à le comprendre? Si mes enfants sont capables de reconnaître le racisme d’une « blague » où les enfants blancs badigeonnés de Nutella peuvent accuser de façon éhontée l’enfant à la peau noire qui se trouve entre eux, pourquoi des adultes ne le peuvent-ils pas?

Depuis leur plus tendre enfance, mes enfants entendent parler d’égalité, de respect, pour tous.  Demander à mes enfants si une fille peut jouer au hockey avec les garçons, et ils vous diront oui, puisque c’est ce à quoi ils ont été exposés. Le genre d’une personne n’affecte en rien ses capacités, et apprendre à un enfant, à un garçon, qu’on ne juge pas une personne sur sa façon de se vêtir ou son identification ce n’est pas de ramollir la gente masculine, mais bien de faire évoluer une société.

Qu’on tape sur la tête des féministes pour le refus de programmes visant la promotion de l’éducation des garçons me révolte. J’en suis une, de féministe, et ces refus me révoltent, parce  que ce que je désire plus que tout, ce sont des chances égales POUR TOUS. Cela incluant mon enfant avec des besoins parfois particuliers.

À écouter le discours de certains, mon enfant, parce qu’il n’est pas neurotypique, et bien il devrait aller dans une classe particulière parce qu’il « nuit » au reste de sa classe. Pourtant, la TES qui accompagne mon enfant aide aussi le professeur avec le reste de la classe si le besoin s’en fait sentir. Vous savez, ces autres enfants qui ont des difficultés, mais sans avoir de diagnostic et qui donc n’ont pas droit à l’accompagnement? Mon enfant a le droit, comme n’importe quel autre, à sa chance de réussir son éducation sans voir, dans le regard d’adultes qui ne le connaissent pas, un reproche quelconque, sans que ses compagnons de classe ne lui rapportent les paroles désobligeantes prononcées à son sujet par des adultes. Oui les premières années de scolarisation auront été pénibles, pour lui plus que pour ces autres qui le regardaient de haut. Parce que le doute s’est installé. Un doute que cette année, avec beaucoup d’aide et une médication adéquate, nous arrivons à écraser. Mon enfant est dans une classe régulière. Il réussit, et même très bien. Il aide même certains. Aurait-il cette chance si on écoutait les dénigreurs qui voudraient confiner ces enfants comme le mien dans des classes séparées?

Oui il y a un trop plein. Car je m’aperçois qu’en 2016, il y a encore beaucoup de chemin pour faire comprendre à trop de gens qu’égalité ne signifie pas nivellement vers le bas. Que le respect de tous n’est pas une valeur sans importance. Que trop de gens vivent dans le « respectez-MOI, mais je vous emm**** tous…« 

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Éducatrice à la petite enfance depuis une vingtaine d’année, adepte de l’entrainement en force pour ne pas perdre complètement la tête, Nancy Ringuet, très possiblement TDAH, est maman de deux garçons à diagnostics : un grand TDA sévère et un plus jeune SGT, TDAH impulsivité mixte et TOP. C’est un long combat qui aura mené aux diagnostics du plus jeune, et un long combat qui s’engage pour faire reconnaître ses besoins. Passionnée de recherches et assoiffée d’en apprendre plus, elle fouille le net sous toutes ses coutures. Elle partagera ici des textes et réflexions sur ce vécu différent de mère chef de famille, avec un conjoint dont le travail l’amène à être absent.