Le doute

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Quand ça va bien, que ça fait un bout que tu sembles bien aller à l’intérieur de ta tête et de ton cœur, j’ai toujours ce doute, comme un petit malin qui vient et repart dans ma tête à moi et qui me dit qu’après tout, ce n’était peut-être qu’une passe. Que tu étais trop petit pour comprendre et que ta manière à toi de démontrer ton manque de maturité étais ça, ton comportement.

J’ai toujours cette façon de penser qui me dit que c’était peut-être moi le problème dans tout ça. Que mon manque de connaissances faisait en sorte que tu ne comprenais pas bien. Que oui, ça a passé, que tous ces gens qui me disaient qu’avec le temps ça passerait et qu’on se rendrait compte que tes diagnostics étaient erronés, avaient raison.

Chaque fois qu’on a une accalmie de tes crises, j’ai toujours cette folle envie d’appeler le CLSC et de leur dire qu’ils peuvent fermer le dossier, que tu es « guéri ». Que le futur ira bien, que tout ceci est du passé. Bien sûr, chaque fois que cela se produit, je reçois les appels tant espérés quand tu n’allais pas bien.

Lorsqu’il me demanderont si j’ai toujours besoin, je leur répondrai oui…. Car au plus profond, je sais que ce n’est pas fini.

Souvent, avant le rendez-vous, je me questionne : mais qu’est-ce que je pourrais dire au médecin qui veut te voir? Ces temps-ci, ça va bien. J’ai tant espoir qu’il me dise qu’on ferme le dossier, que oui, il y a eu erreur.

Mais c’est comme si tu sentais le rendez-vous arriver, après une journée que je croyais parfaite. On a fait une belle activité, tu allais si bien que j’ai voulu en profiter. J’ai voulu te faire vivre une journée de surprises, de restaurant et bien sûr de plaisir. Avec toi, aujourd’hui, j’avais tapé dans le mile, ça allait bien.

Puis tout d’un coup, sans crier gare, je l’ai vu, je l’ai reconnu. Ce regard quand tout s’effondre autour de toi. Quand tu ne gères plus. Malgré tout, j’espère que ça ne sera qu’une petite crisette d’enfant, mais non c’est là. La crise est là…

Mon amour… Je ne peux pas dire que tu me déçois, je ne dirais même pas que j’ai eu raison de dire oui pour voir le médecin la semaine prochaine.

Tout ce que je te dirais à ce moment-là, c’est : viens dans mes bras que j’accepte et accueille cette crise avec toi. Même si tu ne voudras pas, je te serrerai dans mes bras aussi fort pour te montrer que tu peux me faire confiance quand rien ne va plus comme ça. Je te regarderai avec amour et j’espère que dans ce moment, tu comprendras que je t’accepte comme tu es.

Et même si à l’intérieur, j’avais ma petite lueur d’espoir que tout soit fini, sache qu’au plus profond de moi, j’ai toujours su que tu ne pourrais changer. J’aurais aimé ça pas pour moi, mais bel et bien pour toi, car mon amour, même si je t’accueille dans tes crises, te voir te faire si mal psychologiquement et physiquement me brise en milles morceaux.

Alors je continuerai. À t’appuyer. À t’aimer. Mais surtout à t’accepter.

Même si tu me repousses, même si tu me frappes, même si tu me cries après….

Maman est là mon cœur, regarde-moi, bientôt cette crise sera terminée…

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Je suis maman d'un merveilleux garçon qui a un TDAH et un TSA sans déficience intellectuelle. J'ai toujours été sensible à la maladie et aux troubles mentaux, je suis d'ailleurs préposée aux bénéficiaires. Mon fils réussit à faire ressortir le meilleur de moi-même. Le but de mes textes est d'évacuer mais surtout de conscientiser le monde à la différence et aux troubles mentaux ainsi qu'à leurs aspects dans la vie de tous les jours. J'espère vous toucher par mes écrits autant que moi je suis touchée en les écrivant.