Oui, je vous en veux…

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Oui, mon enfant est différent. Mais ça ne l’empêche pas d’être ce qu’il est à la base : un enfant. Cette différence, ce n’est pas une maladie contagieuse, un virus ou une bactérie qui pourrait contaminer votre enfant. Parce que Fiston joue avec votre fillette ou fiston, il ne transmettra pas sa différence par contact!

Fiston est né avec le code génétique qui fait de lui ce qu’il est. Il ne transmettra pas son SGT, son TDAH, son impulsivité, son opposition ou son hyperlaxité à votre enfant parce qu’il lui lance un ballon, se balance avec lui, partage des autos ou l’eau d’une piscine!

J’aimerais tellement vous faire comprendre que vos promesses vides et vos excuses mensongères blessent mon enfant autant que si vous lui fermiez la porte au nez carrément sans dire un mot. Que de lui répondre que telle journée votre enfant sera libre pour ensuite lui dire que c’est impossible qu’ils jouent ensemble lorsqu’arrive la dite journée… ou encore lui dire que c’est impossible lorsqu’il se présente, vous ayant aperçu dehors, car vous quittez, mais qu’une heure plus tard, il vous aperçoit encore dehors, les enfants jouant… Sa différence n’affecte pas son raisonnement.

Lorsqu’il me nomme ces excuses mensongères, les yeux remplis de larmes, qu’il me dit : « Moi, j’en n’ai pas d’amis… Lui, c’est pas un vrai ami… ses parents veulent pas qu’il joue avec moi… au fond c’était même pas vrai qu’ils partaient, sont encore là… » mon cœur à moi se fendille. Ça me blesse autant que lui. Car du haut de ses presque 9 ans, il essaie. Il travaille si fort à rattraper ce retard dans ses aptitudes sociales que lui auront apporté la différence et la médication. Je le vois se raccrocher à l’espoir de ces promesses, les yeux brillants, le sourire aux lèvres pour ensuite le rattraper dans sa chute lorsque les promesses ne sont pas tenues.

Je suis consciente que sa différence, ses réactions passées peuvent avoir effrayé. J’ai voulu adoucir sa peine en expliquant ce qu’il perçoit comme un rejet. J’ai tenté d’expliquer qu’il lui fallait aussi laisser le temps aux gens de le redécouvrir, qu’il pouvait lui aussi expliquer dans ses mots sa différence.

Mais il n’en reste pas moins en moi un part de la maman louve qui vous en veut de blesser ainsi son louveteau, alors qu’il tente d’apprendre à gérer sa différence, qu’il tente d’apprendre à vivre cette différence, alors qu’il ne veut qu’être un enfant et s’amuser.

Alors oui, chers voisins, je vous en veux.

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Éducatrice à la petite enfance depuis une vingtaine d’année, adepte de l’entrainement en force pour ne pas perdre complètement la tête, Nancy Ringuet, très possiblement TDAH, est maman de deux garçons à diagnostics : un grand TDA sévère et un plus jeune SGT, TDAH impulsivité mixte et TOP. C’est un long combat qui aura mené aux diagnostics du plus jeune, et un long combat qui s’engage pour faire reconnaître ses besoins. Passionnée de recherches et assoiffée d’en apprendre plus, elle fouille le net sous toutes ses coutures. Elle partagera ici des textes et réflexions sur ce vécu différent de mère chef de famille, avec un conjoint dont le travail l’amène à être absent.